lundi 30 décembre 2013

Semaine 13 : Santiago - Valparaiso - La Serena

Oh la vilaine semaine ! Ce qui devait être, au lendemain de Noël, une promenade d'agrément le long de la côte chilienne se transforme rapidement en calvaire sans nom. On se voyait déjà dormir au bord du Pacifique tous les soirs, prendre des bains à l'occasion et surtout suivre le relief clément de la côte. L'organisation autoroutière chilienne en a décidé autrement: seule une grosse autopista suit cet itinéraire de rêve et nous voilà contraints à passer par l"intérieur" du pays. Après une tentative de trois jours, on finit par abdiquer face aux trop nombreuses côtes interminables d'une région plus qu'inhospitalière. Ces pentes sans fin nous cassent en deux, ridiculisent notre progression sur la carte et compromettent ainsi le rendez vous à la Serena pour le réveillon... Coup dur alors que nous venons de traverser les Andes ! La semaine prolongée se termine plateau 3 sur la bande d'arrêt d'urgence de la Ruta 5 Norte. Elle avait pourtant si bien commencé par une fête de Noël -pourtant si loin des familles- des plus originales et des plus sympathiques ! 

Retour sur ces 10 jours et 700 km de contrastes et de découverte du Chili... rural !



Beaucoup trop de points sur cette carte (petit mémo, un point=une étape) ! Vous noterez la disproportion des différents segments de cet itinéraire et le grand n'importe quoi du tracé ... Entre les nuits D et G, notre vaine tentative de remonter le Chili par la montagne, rapidement corrigée par un retour sur la côte.




La halte de Santiago terminée, nous reprenons la route direction le Pacifique. Au détour d'une grosse montagne (il n'y a que ça ici)  nous tombons sur un cavalier en habit traditionnel chilien coiffé d'un grand sombrero, chaussé de bottes aux d'éperons redoutables et portant un poncho plié au carré sur l'épaule gauche. La surprise est de découvrir les dizaines d'autres caballeros venus des quatre coins de la région pour disputer le rodéo local. Après un cérémonial à rallonge (présentations des coureurs, lever des couleurs...etc) la compétition commence !  



On ne regrette absolument pas l'attente car lorsque le but est de coincer une vachette surexcitée le long de l'enceinte, croyez nous, c'est plutôt sport. Amis des bêtes, pas de sourcils froncés s'il vous plaît, il n'est en aucun cas question de blesser l'animal ! 



Le miracle de la croissance au Chili a fait pousser des dizaines de lotissements sur les bords des routes du pays. C'est la promesse d'une vie confortable pour la classe moyenne, mais la répétition presque à l'infini d'un même modèle de maison nous donne le vertige le long de la route entre Santiago à Valparaiso.



Apres 2 jours de vélo depuis Santiago, nous parvenons enfin a Valparaiso ! Pacifique, nous voilà !



Valparaiso - Valpo pour les intimes - ne ressemble en rien aux autres villes du Chili. C'est un monde à part, accroché à flanc de colline où se côtoient des autochtones aux mollets d'acier et des touristes pendus à leur appareils au milieu de maisons bigarrées. C'est un peu San Fransisco revisité par Berlin. La neige a laissé place à la pluie et au brouillard. Nous profitons de la chaleur (humaine!) et du cadre d'une auberge de jeunesse pour nous reposer quelque peu et nous remettre de notre arrivée périlleuse dans la ville (l'Eldorado à vélo a failli se terminer à deux à cause d'un bus fou) ainsi que pour... fêter Noël ! 



La voiture attire l'attention au premier abord mais c'est le panneau sur la gauche qui nous intéresse: les préoccupations d'un pays dont la côte est si étendue et la montagne si proche nous sont plutôt étrangères. Les locaux miment d'ailleurs avec brio ce qui se passe pendant un tremblement de terre et préfèrent en rire !



Alex n'est jamais vraiment parti de Berlin est.



Cette chose, ce bijoux de gastronomie, cette perle chilienne, c'est la churillana. Elevée ici au rang de plat national, elle se compose tout simplement de grosses frites, de boeuf haché, de fromage fondu et d'oignons poelés. Une merveille de légereté pour notre 23 décembre !



A défaut de passer les fêtes avec nos proches, réunis autour d'un bon feu et d'un chapon aux marrons accompagné de ses patates, nous nous réunissons avec notre famille d'un soir: Joana, Rose, Harry, Neil, Yann, Laurent et les autres locataires de l'auberge pour partager un moment très convivial autour d'un festin venant de nos pays d'origine (Quent' on te l'a dit 100 fois,  le Guacamole n'est pas une spécialité française! ). La photo est affreuse, mais, croyez nous, la soirée est aussi improbable que mémorable ! Notre petit cadeau commun : 3 splendides marcels pour compléter notre garde-robe. 



Ce 25 décembre, c'est en voulant jeter un dernier regard à Valparaiso et sa baie que nous sommes tombés sur une palanquée d'éléphants de mer en pleine activité.



La côte chilienne, que nous n'avons malheureusement que trop peu vue. 70 bornes après Valparaiso, notre jolie route cotière aboutit sur un carrefour fatal : à gauche, longeant le Pacifique, une longue autoroute (Ruta 5 pour les intimes) s'en va relier le nord du pays sur un plat relatif; à droite, une brave route part elle aussi vers le nord, mais en serpentant dans les Andes. "Chiche?" Un peu inconscients et un peu effrayés par les bus qui déboulent sur l'autoroute, on prend à droite, direction les chemins de caillasses, les petits bleds, et les tunnels de montagne ! C'est donc parti pour 3 jours de grosses suées.



Les chaudes journées du début de semaine dans la cambrousse chilienne dont la majorité des pistes ne sont pas goudronnées. "Es asfaltada por aqui ? - no no no !"



On est définitivement décomplexé dans nos méthodes de cuisine: "Arianne", aimable surnom donné à notre réchaud assourdissant est détrônée par un feu de bois quasi quotidien. Nos bonnes vieilles gamelles souffrent mais c'est pour le bien de la conversation rendue impossible quand Arianne est en phase de décollage...



Petit interlude narratif pour évoquer notre fameux pays hôte actuel, le Chili. Son territoire est vaste comme une fois et demi la france, et pourtant, il faut ben l'avouer, avant de passer la frontière, nous ne savions pas vraiment ou nous allions mettre les pieds. Avec une population de 15 millions d'habitants, en majorité tassée dans la région de Santiago, le pays est relativement désertique. Cela n'empêche pas les chiliens d'être particulièrement sympas et souriants (du moins, ceux que l'on a rencontrés !). L'économie du pays est principalement portée par ses ressources minières (cuivre, notamment) dont regorge cette partie-ci des Andes. La quasi-inexistance de l'industrie implique une importante ouverture du pays vers l'étranger, et notamment vers l'Asie, d'où proviennent au moins les 2/3 du parc automobile chilien. L'inflation, maladie chronique en Argentine, ne semble plus être ici un mal récurrent, bien que les prix y soient relativement plus élevés. Côté culturel, l'influence nord americaine se fait ressentir (sacralisation du drapeau national, rodeo, gros pick up, bouteilles de 3L de Coca...) bien d'avantage que de l'autre versant de la Cordillère. Le Chili n'en garde pas moins une vraie culture latino chaleureuse !



Quand on fume une clope avec les mains pleines de charbon,  ça ne veut pas forcément dire qu'on revient de la mine. Voici la preuve.



"Demain matin, vers 5 heures, je pars à la mine". Notre hôte d'un soir au beau milieu de nul part nous raconte son dur labeur sous terre. Malheureusement, nous ne comprenons pas grand chose à son marmonage, seul l'essentiel passe. On lui dit donc buenas noche et gracias por todo. Ce n'est jamais que la millionième fois depuis un mois...



Au milieu d'un tunnel sans goudron, sans lumière et aux marres et trous d'eau plus ou moins importants : "Vas-y gros, t'inquiéte pas, c'est pas profond ! T'inquiète, t'inquiète je passe derrière !" bilan: immersion complète pour les sacoches avant de Quent. Dans la vie, il y a deux catégories de gens...



"Le monde entier est un cactus, il est impossible de s'assoir. Dans la vie, il y a qu'des cactus. Moi je me pique de le savoir." Dutronc n'a jamais eu aussi raison qu'au Chili.



Le Chili de l'"intérieur" n'existe pas vraiment car le pays -qui compte à peine plus d'habitants que la Belgique- n'est large que de 250 km environ et tout à fait vide de monde. En fait, à 20 km (et parfois beaucoup moins) de la côte se dressent déjà les contreforts de la Cordillère ! Autant vous dire qu'on est bien loin de la Pampa argentine...



Il n'y a pas que des tunnels dans les Andes chiliennes : les vieux ponts rouillés surplombant d'anciennes rivieres desormais taries sont eux aussi assez fréquents. Au passage, superbe vue sur la vallée et sa population de cactus / chèvres.



On vous laisse savourer la descente !



Cette semaine, les vélos commencent à grogner : une chaine cassée, une roue avant et deux roues arrières crevées. La deutsche Qualität, ce n'est plus ce que c'était.



Après une journée passée à rouler dans la poussière au milieu des cactus, Ô miracle, nous trouvons un petit coin de verdure entourant un petit cours d'eau. On se croirait un instant dans un pub Quechua, la tente 2 Secondes en moins. Le repas au feu de bois sera un vrai régal, et même les croassements des crapeaux peuplant le cours d'eau ne parviendront pas à saboter notre nuit si parfaite. 



Tournant dans la semaine. Après un ultime col de 15 km, la grosse indigestion de côtes est consommée. Un seul remède, bifurquer sur l'autoroute réputée "plate" (tout est relatif ici) longeant le Pacifique. 



Enfin, après 40 ultimes bornes dans la montagne, nous rejoignons l'autoroute, qui finalement se revele être de magnifiques montagnes russes. 



Dans une échoppe au bord de l'autoroute, Quentin ne sait plus où donner de la tête au milieu de l'étal de melons et autres pamplemousses.



Dimanche 29 decembre: Quelle journée mes enfants ! Tout commence par 5 petits pains en guise de petit déjeuner, c'est à dire pas grand chose quand on sait ce qui nous attend. 5 pains, comme le nom de la charmante autoroute d'aujourd'hui, la Ruta 5 Norte (dont on a bien mérité un stikers pour décorer les vélos). Et de même qu'il faut se persuader de la multiplication des pains à l'intérieur des trous béants qui nous servent d'estomacs, il faut qu'un autre miracle se produise si l'on veut abréger la semaine : la multiplication des kilomètres. Partis initialement pour rallier la Serena en deux étapes tranquilou-minou, nous voyons voir une idée stupide germer dans nos petites têtes. Pourquoi ne pas tenter le transit en un seul voyage ? Nous sommes attendus par un contact Warmshower, rouler le dimanche est peut être plus malin et surtout, la raison cachée qui nous pousse vers une telle absurdité cyclotouristique est le fantasme de voir exploser le compteur. À ce petit jeu d'orgueil masculin nous excellons ! Tous les records sont battus sur cette seule étape: 183 km parcourus sur la journée, 74,6 km/h atteints en descente et plus de 2000m de dénivelé encaissés à force de montagnes russes...les chiffres nous font pâlir après nous avoir bien fait rougir. Pas de doute, ce Las Palmas-La Serena restera dans les annales des lubies les plus insensées de l'Eldorado à vélo ! Heureusement, l'accueil de nos hôtes est à la hauteur de notre niveau d'épuisement. Il semble même que l'expression "Dar Basma chilienne" ait été entendue !



"¿ Qué ?! Au feu à gauche ? puis à droite, puis la cinquieme à gauche, puis au fond à droite, puis après le terrain de football sur la gauche ? ". 21h30, il est grand temps d'arriver...



Au passage... bonne année 2014 à tous !





samedi 21 décembre 2013

Semaine 12 : Mendoza - Santiago de Chile

Les Andes : CHECK ! Probablement notre semaine la plus excitante, particulièrement riche en aventures, en sueur, en rencontres et en frissons ! De notre séjour chez Luis à Mendoza jusqu'au camino de Santiago (celui du Chili, pas de Compostelle!), en passant par le col du Christ Rédempteur à 3.800m, cette semaine, on avait rendez vous avec nos fantasmes.



Entre Mendoza et Santiago, 400 bornes pour en prendre plein les yeux ! Le petit point blanc après le point B, où comment faire 50km de route jusqu'à un ma-gni-fique cul de sac dans les Andes. Cordillère 1, Eldorado 0 ... Ça commence bien !



Fin de semaine dernière, nous faisons une rencontre très heureuse dans une station service de la banlieue de Mendoza: un couple charmant, Luis et Maria-Gracia, nous invite spontanément, au bout de peut être trois minutes de conversation (alors que le niveau de crasse et l'odeur qui va avec est bien bien poussé en cette fin de semaine) à passer le dimanche chez eux. Nous avons donc RENDEZ VOUS ! La petite famille habite un ravissant pavillon que Luis, de ses mains en or agrémente de créations. Le repas est divin et tout à fait fidèle à la tradition de l'asado (BBQ) du domingo: on ne mange que de la viande cuite au feu de bois et on sirote du vin local: Malbec, Cabernet Sauvignon and co. Sur la courbe du bien être, difficile de faire mieux. Le temps d'une demi-journée, on se sent en famille comme rarement ces derniers mois. Pour parfaire le tableau (digne d'un Monnet avec un saul pleureur, des chaises XIXième, une table ronde, une bouteille de rouge et les jolies visages de Ana-Lucia et Ana-Gracia, les filles de notre hôte) le quartier est particulièrement agréable et l'église dans laquelle on chante sur du Bob Dylan est bondée ! 

Luis, Maria-Gracia, Ana-Lucia, Ana-Gracia y Felipe, no tenemos las palabras para agradecerles del domingo pasado con vosotros. Durante un dia, teniamos el sentido tan agradable de formar parte de su familia. Muchisimas gracias para todo !



Les Blues Brothers prennent un dernier bain avant le grand plongeon dans les Andes. Ça ne rigole plus.



L'étape de reprise est complétement gâchée par une route barrée au milieu des contreforts de la Cordillère. Bilan: 50 km de détour gratos, du relief et un sacré vent dans la figure et tout ça pour finir à 25 km de notre point de départ...pas de veine pour les trois gros malins qui s'étaient crus finots en prenant un raccourci très alléchant sur le papier ! Le plus rageant est peu être d'apercevoir tout au long de notre "free cycling tour", 3 km plus au sud, la bonne route au delà d'un fleuve infranchissable...



Il faut savoir être débrouillard quand on voyage. Alex est aussi à l'aise avec une casserole qu'avec du fil à coudre. A force de porter tous les jours la même chemise, normal qu'elle montre elle aussi des signes de faiblesse ! (aucun changement de tenue depuis Tanger... grosse performance). Le problème quand on a plus qu'une chemise c'est qu'au moment de la bichonner, on a plus rien à se mettre sur le dos ! Chose encore plus problématique avec le short...!



Au revoir chère Ruta 7 ! Après plus de 1200 km, nous te quittons enfin.



Deuxième jour de traversée : La mise en jambe est toujours plus facile après une bonne nuit et avec la perspective ennivrante d'attaquer les Andes pour de bon. L'arrière goût de la veille disparaît complètement avec le petit dej PANTAGRUELLIQUE (Dulce de leche, confiture, miel, pain et lait entier s'il vous plaît) que nous avalons. A peine la route 7 rattrappée, nous serpentons le long du Rio Mendoza au fond d'une vallée vertigineuse aux parois abruptes. Un décor vierge de végétation ne tarde pas à remplacer les gros talus verts facon jeu video (bonjour amis de Flight Simulator) qui composaient les contreforts de la Cordillère. Le vent est avec nous pour la journée et semble suivre exactement notre parcours dans la montagne. Honnêtement on a beaucoup de chance sur ce coup là... Au bord de la route, nous ne comptons plus les tombes et les carcasses de véhicules qui nous rappellent que la traversée des Andes n'est pas anodine.



Faire revenir les oignons à feu doux. Un petit délice Made in Wuithier pour le premier bivouac andin.



"Je suis un aiiigle"



Camp de base à 2500m avant d'attaquer le col.



La journée de mercredi accède sans hésitation au podium des meilleures journées. Le top uno peut être. Alors qu'un vent fort avait joué avec nos tentes et nos nerfs toute la nuit. Les premiers tours de roues nous réchauffent rapidement et le fameux combo "t-shirt bleu flottant, t-shirt mauve moulant et chemise beige carton" reprend ses droits dans la vallée du Rio Mendoza. Dans un décor toujours plus vertigineux, on déroule les km le long de la Ruta 7, devenue Ruta Internacional (proximité du Chili oblige). Sur la longue pente douce, les petits hammeaux du bout du monde s'enchainent : Los Penitentes et sa station de ski ( = son mono télé-siège), Puente del Inca et son pont de calcaire (seule curiosité touristique depuis Buenos Aires, et on arrive à le louper ), et enfin Las Cuevas, dernier lieu de vie argentin, à 3000 m d'altitude !



A Las Cuevas, le hasard nous fait rencontrer 3 cyclotouristes : Deux Brésiliens, très très proches de la caricature du Brasileno, ainsi que Johanna, une sorte de Fifi Brin d'acier tout droit venue d'Ecosse et qui, avec ses 16 mois de voyage depuis le Canada (!) nous en met plein la vue. 



Les TPP et PPL (les Toujours Plus Proches et les Pas Passés Loin, nouvelles appelations de nos copains les camions et les bus) nous frôlent et nous font enrager dans la plaine mais deviennent d'agréables (et d'utiles) compagnons dans les montées. 



Le petit peloton très sympathique ne dure malheuresement pas : 3 km plus tard, nos compagnons à bicyclettes choississent le tunnel pour accéder au Chili ; nous nous engageons sur l'ancienne route, un chemin de terre qui à force de lacets grimpe jusqu'au col, à 3.800m. Un calvaire, du bonheur.



Le sourire est plutôt rare durant les 8 km de montée, (baptisée "purgatoire"), contrairement à la sueur et à la douleur de l'effort ! (derrière, en direct live, Quent ramasse son vélo pour le 25ième fois). La terre est souvent trop molle, surtout sur la fin, les pneus patinent, on continue a pied, en poussant le vélo. Vient s'ajouter l'altitude, qui ne facilite vraiment pas la respiration. Mais au milieu de tout cela, au beau milieu de ces Andes magnifiques, en face de ces pics a 7000m, il y a quelque chose de totalement magique !



L'enthousiasme redescend un poil  lorsque des randonneurs nous annoncent que l'accès au col est bloqué par un glacier-néve temporaire. En effet, quelques virages (et quelques litres de sueur malgré le froid) plus loin, une bande de glace d'une cinquantaine de mètres barre le chemin. De l'autre côté, heureseument, on voit les bâtiments de la frontière chilienne. A ce moment-là de l'ascension, on n'imagine pas un instant faire demi-tour. "On fait quoi, on attend la fonte des glaces ?" On dégaine plutôt les outils, bien décidés a creuser -au sens propre- un chemin pour nos vélos. Nos armes : une chaussure Merrel taille 47, un Opinel et un gros cailloux. On aura vu mieux... Mais après 30 minutes d'effort et quelques sensations fortes au dessus du vide, le résultat convaincant. Il ne reste plus qu'à avancer sur les belles marches que nous avons taillées ! En espérant sincèrement que notre glacier n'a pas un grand frère un peu plus loin...



Une petite prière, une petite pensée pour notre assurrance rapatriment (un pas à gauche, et c'est le grand saut dans le ravin sans fin) et nous nous élancons avec les vélos sur la neige congelée. Ça y est, ça passe !



En haut du col, le célèbre Cristo Redemptor, surplombant la frontière argentino-chilienne, à 3874m ! Ambiance Sermon sur la montagne, "Heureux sont ceux qui voyageront a vélos" ! 



De l'autre coté du col, une immense descente en lacets nous attend. Les freins crissent, les pneus dérapent, le paysage est à couper le souffle ! Viva Chile !



Alex a une superbe carrière de photo journaliste qui l'attend chez Geo Magazine !



Promis, c'est 100 % sans Photoshop !



Une dernière pour le plaisir.



Après 8 km (un peu cabossés) de pur bonheur en descente, nous voilà de retour avec le commun des mortels, sur la route bitumée qui ressort du tunnel. Encore quelques bornes, et nous atteignons la frontière officielle du Chili. Le décor est surréaliste : la route semble chuter en permanence vers le prochain lacet, les camions vont et viennent dans un espèce de ballet incessant, le tout dans un décor gris minéral incroyable. On perd 500 mètres toutes les 20 minutes, gros mal de tête à la clef. Une solution de réhydratation pour nourrisson diarrhétique (très efficace) et un petit doliprane pour Quent et on repart !



Ce qui est bien avec Alex, c'est qu'il a toujours la banane.



Qui dit nouveau pays dit spécialités culinaires à tester. Nous n'y coupons pas et savourons un mote con huesillos (offert par Rosetta, juste derrière, les chiliens sont définitivement très cools) une boisson locale à base de sirop de fruit dans laquelle des abricots confits marinent. Dans le fond, ce sont des grains de blés. Une bonne facon de se réconcilier avec l'Ebly ! Le mélange est improbable mais très rafraîchissant, à boire sans modération !



Premier soir au Chili, chez les Bomberos avec notre amie écossaise rencontrée le matin même à la frontière. C'est toujours plus facile de se faire inviter avec une fille, surtout quand elle est aussi charmante !



Au Chili, comme en Argentine, si puedes, puede (comprendre: si tu le sens, vas-y). Nous suivons ce conseil d'ami et empruntons l'autoroute chilienne, seule voie existante entre Los Andes, notre première étape post Cordillère, et la capitale. Santiago n'est pas loin mais l'autoroute qui y mène nous fait quand même moyennement envie. Nos craintes se confirment, le transit est plutôt pénible, le soleil cogne et la bande d'arrêt d'urgence se réduit comme peau de chagrin. Nous nous faufilons comme des souris derrière un camion pour passer le péage, mais nous sommes vite débusqués par les caméras et une grosse alarme sonne. On se regarde trois secondes, et on se barre vite fait ! La culpabilité augmente d'un cran à chaque panneau "interdit aux vélos" que nous dépassons. Un, passe encore, mais au trentième... 



Contre toute attente, alors que nous préparons de fausses excuses à l'adresse des agents de la Autopista qui nous arrêtent, ceux-ci nous invitent -et avec le sourire- à grimper dans leur camionnette pour le tunnel. Nous pouvons compter sur le soutien logistique de la DDE locale pour charger nos bicyclettes et passer en toute impunité. C'est encouragés par des "Suerte" et des "Buen viaje" que nous repartons sur l'autoroute interdite aux vélos... Vive le Chili !



L'arrivée dans Santiago est l'occasion de prendre un bon bain de foule !



Incontournable chilien avec le Mote con huesillos, le terremoto (littéralement "tremblement de terre") nous conquis dans tous les sens du terme. Nous demandons aux locaux pourquoi avoir donné un tel nom à cette boisson à base de glace, de vin blanc, de pisco (alcool fort local) et éventuellement de grenadine. Nous nous rendons vite compte, à la fin du premier verre, que notre résistance à l'alcool est inversement proportionnelle au nombre de km. Parfait, on en prend trois chacun. La suite n'a pas passsé la censure. Torchon Chiffon Carpette.



Au détour d'une petite grimpette sur la colline du Cerro San Cristobal dominant la ville (la plus haute selon les guides, exceptée bien sûr l'espèce de mastodonte en arrière plan que les locaux appellent "Cordillera"...).

A la semaine prochaine ! Une pensée bien amicale en ce premier jour d'été à tous nos lecteurs européens !