samedi 9 novembre 2013

Semaine 6 : Tanger - Fès


NB: Petit changement pour la lecture du blog: nous suivons désormais l'ordre chronologique du haut vers le bas de la page !

Sixième semaine pour l'Eldorado à vélo et premiers coups de pédales au Maroc, de Tanger à Fès en passant par Chefchaouen, Moulay Idriss et Meknès. Nous passons la fin de semaine dans la médina de la ville impériale à réfléchir à l'itinéraire à suivre jusqu'à Marakech: la voie nord, fraîche, verte et plus courte, et la voie sud, aride hostile et lointaine. Résultat du suffrage lors du prochain post ! (ça, c'est pour l'audimat). En attendant, le récit de cette première semaine en Afrique.


Bonjour du Maroc ! (Meknès, devant une des imposantes portes de la ville)



La semaine a été particulièrement courte en termes de km (plus ou moins 450) mais très riche pour tout le reste !



Le changement de monde est radical. Voici la vieille ville de Tanger, du haut de la terrasse de Franck que nous remercions une nouvelle fois ! 



La journée de repos à Tanger est tout simplement exceptionnelle. L'imprévu, la découverte, les premiers pas tant attendus en terre marocaine et avant tout l'accueil de Franck font de notre escale tangeroise une halte très riche de tout point de vue. Attablés dans les cafés les plus typiques, nous apprenons les rudiments de la politesse en arabe. Notre guide nous conduit au détour des ruelles dans des établissements organisés sur plusieurs niveaux et autant de petites terrasses. A l'intérieur, le son des dés que les clients assènent avec vigueur sur les plateaux de ce qui doit être les "petits chevaux" marocains se mêle aux exclamations des joueurs. Nous échangeons à propos de tout et de rien, discutons voyage, débattons religion et parlementons politique, toujours en face d'un grand verre de thé à la menthe. La médina de Tanger est très authentique comparée à celle de Chefchaouen par exemple, dont les murs semblent avoir été repeints uniformément en bleu pour le bon plaisir des touristes, ce qui ne manque pas de nous plaire d'ailleurs !



Au Baza café, en compagnie de Franck !



Chefchaouen, ville incontournable du Rif perchée dans les hauteurs est l'occasion d'une épuisante première journée (lundi 5/11) au dénivelé record : plus de 1800m cumulés pour 128 km parcourus... Pour les connaisseurs de la spécialité locale, rassurez vous, nous profitons plus du patrimoine bleu que du patrimoine vert, plus des trésors architecturaux que des richesses végétales...malgré les sollicitations continuelles ! "Mon frère, tu veux te faire bronzer la tête ?" "Le vélo c'est pour la journée, le haschisch c'est pour la nuit !" CQFD.



La médina de Chefchaouen à vélo, un inédit.



Notre troisième jour de vélo au Maroc (mercredi 7/11) est celui du salut pour nos mollets : les hauteurs du Rif se font oublier au profit de grands plateaux sur lesquels poussent quelques villages. Adieu montagnes verdoyantes, nous retrouvons une nouvelle fois des plaines de champs arides, semblables au décor andalou. Le Moyen Atlas n'est plus très loin lorsqu'en fin de journée nous atteignons les ruines romaines de Volubilis et la très belle ville de Moulay Idriss.



You never eat alone !



Contrairement à ce que la photo laisse penser, les routes ne sont pas si dangereuses au Maroc. Les voitures et les camions sont très attentifs à toutes les étrangetés de la route: ânes, piétons, gamins sur des vélos beaucoup trop grands, moutons, moto-camion et camion moto, charrettes... les automobilistes n'hésitent pas à jouer du klaxon pour prévenir de leur passage et quelques fois pour nous encourager très chaleureusement. En bref, on ne s'ennuie pas du tout en roulant ! L'asphalt est également très correct même si il manque parfois un bon coup de rouleau compresseur ou une couche supplémentaire. PS: Rien de grave sur la photo, seulement une attache rapide (de la chaîne) un peu capricieuse !



Il n'est rien de plus facile que de demander l'hospitalité dans les campagnes du Maroc. Les ruraux sont très accueillants et les longues soirées "nocturnes" (à 17h30, le soleil disparaît derrière l'horizon) permettent de s'initier à l'arabe. Nous passons ainsi la nuit de mardi au milieu des poules, des ânes et des chiens, le jardin d'une ferme s'étant transformé en  emplacement de camping, et le neveu du fermier en linguiste d'un soir !  



Pour deux dirahms vous avez un kilo de pain. Pour deux de plus, un kilo de miel. Ce n'est toujours pas ici que l'on va perdre de la brioche...



Entre Meknès et Fès, l'accueil que nous réservent Driss (qui a en réalité un sourire radieux !), son fils Nabil et les femmes de la famille -à qui nous ne pouvons seulement qu'adresser quelques sourires de loin- est charmant. Le petit déjeuner marocain traditionnel à base de thé, pâtisseries, galettes, olives et huile d'olive est une originale et efficace façon de se mette en jambe ! Nous nous souviendrons longtemps de l'hospitalité de cette modeste famille.




Vendredi 9/11: Quelle journée ! Nous quittons le jardin de Driss pour un transit vers Fès où nous prévoyons, sur les bons conseils de Mohammed (rencontré un mois plus tôt à Sens dans l'Yonne...) une halte à Moulay Yakoub, station thermale très appréciée des marocains à quelques kilomètres de la ville impériale. Nous quittons donc notre plaine pour une descente interminable vers les sources d'eau chaude à travers l'ocre des collines avoisinantes. A peine plus tard, nous nous retrouvons dans la grande piscine publique traditionnelle. (Les nouvelles installations à l’européenne sont trop chères et plutôt dédiées aux touristes en thalasso). Imaginez la scène, trois blancs becs au beau milieu d'un bassin fumant, odorant et grouillant de 250 marocains de tous les horizons, jeunes, très jeunes, vieux, très vieux, rachitiques, bedonnant, obèses, à la peau plus ou moins suspecte, et pas gênés le moins du monde par la proximité physique. Un véritable bouillon de culture à l'œuf pourri (le souffre), un bain de foule au sens propre. En deux mots, l'expérience ressemble un peu au 4ème cercle de l'enfer mais est inoubliable. Il n'y a rien de tel pour les rencontres et les vertus des sources ne sont, paraît-il, plus à démontrer. On nous conseille quand même une petite douche à coup de grands seaux d'eau avant la sortie !



Ça, c'est pour le mythe. (Sur la route de Fès, à la sortie des bains!)



De ce que nous voyons du Maroc, un tiers des marocains sont épiciers, un tiers sont bergers, un tiers sont mécaniciens, un tiers sont serveurs, un tiers sont éleveurs, un tiers sont businessmen, un tiers sont cueilleurs et un tiers sont routiers ou taxis. C'est qu'ils sont plutôt débrouillards. Leur point commun, il sont tous pour le Barça (surtout celui de la photo) !



Non non Champollion, l'arabe c'est dans l'autre sens. (Médersa -école coranique- de Bou Inaniya, Fès)



Fès et son artisanat millénaire: voici les tanneries du sud de la médina; début d'une longue chaîne dont les rabatteurs vous conduisant dans leurs échoppes sont l'autre extrémité. Croyez nous, ça ne chôme pas ! 

A la semaine prochaine !