dimanche 24 novembre 2013

Semaine 8 : Ouarzazate - Marrakech

Après l'effort, le réconfort : notre 8eme semaine de voyage est l'occasion de recharger nos batteries, après la longue traversée au Sud de l'Atlas la semaine dernière. Nous franchissons les 200 km montagneux qui nous séparent de Marrakech en 3 jours de vélo assez fastidieux, avant de rejoindre Sidi Abdellah Ghiat (sud de Marrakech) où nous accueillent comme des princes Patricia et Dany. Le départ pour Casablanca risque d'être douloureux...


Le sourire est radieux dans ce petit coin de paradis !



Le voyage prend de plus en plus l'allure d'une transhumance. Il faut quitter les plaines sans eau du sud pour retrouver les pâturages verdoyants du versant nord de l'Atlas. Pour cela, l'unique solution est la route escarpée du col du Tichka qui mène à Marrakech à travers la montagne.



Un dernier coup d’œil dans le rétro et nous quittons finalement Ouarzazate, sa kasbah, ses hôtels à 100 dirhams, ses studios de cinéma et ses larges avenues de béton. Les quelques villages que nous traversons ne ne regorgent pas vraiment de vie. Celui qui bouillonne en revanche, c'est une fois de plus le vent, qui sabote à coup de grosses bourrasques notre vitesse de croisière. L'après-midi est longue et laborieuse. Le vent, violent et imprévisible nous désarçonne de temps à autre et ne semble pas faiblir malgré l'approche des montagnes !



Comme nous sommes transis et las, Alex s'en va quémander le gite à un groupe de locaux postés à la sortie d'un minuscule village des contreforts de l'Atlas (Ait Ibourk sur la carte). La technique est assez simple et fonctionne à tous les coups : aborder un groupe d'hommes bavardant dans un coin (pas très difficile à trouver), sortir les quelques mots d'arabe que nous connaissons, repérer celui qui est le chef et laisser prendre la mayonnaise ! Après quelques conciliabules berbères, bingo, on nous emmène dans une cahute de berger, faite de grosses pierres et de bambous et surplombant la vallée. Chose surprenante, nous sommes cernés de petites pierres dressées vers le ciel qui ne sont autres que des sépultures. L'atmosphère a un petit arrière goût du Blair Witch Project !



Medhi, Hamid et Driss viennent tour à tour nous demander comment on survit là-haut, avec une miche de pain, de l'eau et l'envie de gagner 20 dirhams... La soirée à l'abri du vent est particulièrement courte : il n'est pas 20h quand l'on zippe les duvets jusqu'en haut. "Dormez, je le veux !"



Le lendemain matin, on repart fissa fissa (ou plutôt mollo mollo) sur les routes de l'Atlas, à l'attaque du col du Tichka, le dernier rempart avant les plaines de Marrakech. 



La fausse joie, dite du "montagnard écoeuré":  En voyant la descente se profiler et un parc d'antennes, comme des bleus, on croit être au fameux Tichka, qui n'est en fait que 10 km plus loin !



Le troupeau s'ébranle paresseusement et entame la traversée sans précipitation car chaque bête sait que le voyage sera long et pénible. Agglutinés pour se tenir chaud et lutter contre le vent, nos trois moutons, à force de pauses et de lentes mais efficaces reprises se hissent jusqu'au col. Pour la descente, tous enfilent une petite laine (...) et s'encapuchonnent le museau !



Cette fois-ci, c'est le bon ! (Sur la photo, Vianney à 2261m). 



Après le grand toboggan du versant nord de l'Atlas (un bon 30 km de descente, que du bonheur !), nous achevons notre journée dans un campement improbable : la maison inoccupée et en cours d'aménagement (sans carreau aux fenêtres, bonjour les 3°C à 2h du matin...) du beau-frère de l'épicier du village (Touama sur la carte). L'hospitalité marocaine n'a pas fini de nous étonner !



Petit aparté sur nos compagnons les camions marocains. Nos grands potes durant ces quatre dernières semaines. On nous avait dit de se méfier de leurs dangereux écarts sur les routes sinueuses du Royaume, mais 1500 km plus tard, aucun pépin, pas même une frayeur (ou presque). Ce qui est certain, c'est que leur style unique et inimitable n'a pas fini de nous en mettre plein les yeux ...



Notre situation est plutôt précaire à Sidi Abdellah Ghiat ! Patricia et Dany nous reçoivent dans le faste de leur magnifique demeure dont la finesse du détail artisanal n'a d'égal que la qualité du personnel ! Au pied des montagnes, dans la continuité de la vallée de l'Ourika et à 15 km de Marrakech, le travail des 10 dernières années qui a transformé un terrain vague en un très beau domaine est plus que remarquable. Au delà de l'endroit lui même, c'est l'accueil chaleureux et la générosité de nos hôtes que nous saluons ! Merci mille fois, on ne saurait vous exprimer notre reconnaissance  pour ces quelques jours inoubliables ! Un grand merci à Mohammed et Naïma, le bras droit et la cuisinière pour leur sympathie, leur humour et leurs pastillas... Quitter Dar Basma pour retourner à la vie itinérante ne sera pas facile facile. Un autre départ pour l'Eldorado à vélo !



"Il me semble que la misère serait moins pénible au soleil !" 



Le souk de Sidi Abdellah Ghiat, ses pièces de viande, ses vendeurs d'épices, ses gamins, ses marchands de babioles et bien sûr... sa meilleure cliente !



C'est le corps et l'esprit liquides qu'Alex tente de vous exprimer quelque chose.... Qu'il s'est fait plein de potes au hammam ? Que 50°C et 95% d'humidité et au bout de 1h30, c'est un peu long ? Qu'il a comme qui dirait une petite faim ? allez savoir.



Entendu au détour d'une rue de la médina de Marrakech : "Vous, en Europe, vous avez des montres. Nous, au Maroc, on a le temps !". Sur ces belles paroles, à la semaine prochaine!











lundi 18 novembre 2013

Semaine 7 : Fès - Merzouga - Ouarzazate

Comme le disent les brochures sur le Tafilalet (immense région s'étendant de Meknès au sud est du Haut Atlas, jusqu'à la frontière algérienne), notre septième semaine a été celle de tous les extrêmes. De Fès à Ouarzazate, en passant par Ifrane et Merzouga, nous avons traversé le Moyen Atlas, puis le Haut Atlas, roulé emmitouflés entre les grands cèdres, poussé nos vélos le long des dunes sahariennes et peiné face au vent des hauts plateaux du sud Atlas ! Un vrai pack pour élevage intensif de touristes. Pas cher, pas cher, good price for you, pas le prix américain, le prix marocain ! Les jours ont donc été à peu près aussi variés que les pages d'un catalogue de voyage. Certains ont été froids, très froids, d'autres plutôt chauds, quelques  uns entre 1800m et 2200m et d'autres bien bas, le long des oasis de la vallée du Ziz. Malgré nous, nous avons emprunté le même chemin que la plupart des touristes... Et il nous arrive de nous faire doubler par un campingcar de retraités bretons ou auvergnats ! Cela dit la plupart des voitures immatriculées en France que nous croisons sont en réalité des marocains revenus au Bled, qui ne manquent pas de nous faire de grands signes les pouces levés !



Seules constantes à toutes ces variations : le ciel bleu, les rencontres et la couche de crasse qui s'épaissit de jour en jour sur notre peau... Les points noirs sur la chemise (le porteur désire rester anonyme) sont bien des mouches. Triste record de 11 jours sans se laver à battre...



Nez pelés, lèvres gercées, barbes naissantes et estomacs à l'envers: on rigole bien devant les photos du canal de Bourgogne !



Les géographes que vous êtes l'auront compris : nous n'avons finalement pas choisi l'itinéraire le plus court (par Khénifra et Béni Mellal) et le moins montagneux pour relier Fès à Marrakech que nous atteindrons très probablement dans deux jours, dixit capitaine JLF. Ces neufs jours consécutifs de vélo à haute dose (850 km) ont été sans aucun doute les plus durs de ce début de périple ! Et Alexis qui se plaignait que notre voyage était jusqu'à maintenant trop facile...



Reprenons où nous nous en étions arrêtés au précédent article : Fès et sa pension à 5 euros la nuit où nous faisons un plein (d'eau...) avant de partir. Depuis notre arrivée au Maroc, quand nous n'achetons pas d'eau minérale, nous devons filtrer quasiment toute notre consommation. Les quelques fois où le "waaa ça passe" (comprendre boire directement l'eau du robinet) l'a emporté sur la motivation de pomper pendant 10 minutes se sont soldées en d'inquiétants concerts gastriques... 



Dimanche 10/11 : non, nous ne sommes pas revenus en Europe ! La traversée du Moyen Atlas, par la région d'Ifrane est très surprenante. Les chalets à la mode suisse, l'université huppée et les pins nous donnent le sentiment d'être à Gstaad ! Une sorte de non-dépaysement au milieu de tout le reste. Malheureusement, la douleur au genou d'Alex vient lui saccager le plaisir de pédaler pour cette étape de reprise. Un peu comme cela s'était produit après la pause à Valence. Les étapes montagneuses passent assez mal pour des articulations s'étant brièvement reconfigurées à la marche à pied... Si , si, c'est scientifique !



Le 10/11: l'Ifrane ski club, domaine quasi privé de sa majesté Mohammed VI ! 



Une pensée très émue à Cro-Magnon et tous ses potes qui ont fait ça TOUTE leur vie.



C'est beaucoup, beaucoup moins marrant en vrai.



Autre surprise, qui n'en est pas vraiment une d'ailleurs, la nuit, à 2000m, il gèle. Douloureux réveil que celui où il faut faire fondre l'eau des gourdes près du feu... La soirée de la veille avait déjà été consacrée à la survie. La mission: aller chercher du bois à un bon kilomètre (et à travers un foutu pierrier) assez rapidement avant que le soleil ne se couche et que le mercure ne chute en dessous de zéro. Ensuite, faire la popote et dîner à 30cm du feu, mettre de la musique "facile" et danser, toujours à 30cm du feu...



Le lendemain, sur le route d'Errachidia, une rencontre plus qu'improbable au détour d'un virage dans le Haut Atlas: deux japonaises hautes comme trois pommes bardées de matériel. Cela fait chaud au cœur ... de voir des cheveux de femme...!!



On n'a pas fini d'apprécier les plaines entre le Moyen Atlas et le Haut Atlas: un, elles sont belles, deux, elles sont plates !



Les gorges du Ziz, le grand canyon marocain !



Nous enchaînons les grosses étapes jusqu'à Merzouga pour honorer notre rendez vous à Marrakech (amis géographes, on va vous expliquer). L'envie d'aller voir l'Erg Chebbi (désert de sable) et les fameuses dunes de cette ville du bout du monde exige un "petit" détour par le sud du Haut Atlas. Pas évident de se résoudre à faire des kilomètres gratuits alors que l'idée de "voyage" suggère de rallier plus ou moins directement deux points coûte que coûte et non pas de donner le bâton pour se faire battre en faisant des ronds dans l'eau... Nous débattons: le touriste et le voyageur sont-ils des frères ? Des cousins ? Des bons potes ? De lointaines connaissances ? D, la réponse D.



Erfoud, la capitale de la datte, après quatre jours de montagne. Nous sortons de la ville par la grande porte pour trouver refuge dans une oasis aux allures de carte postale. 
Spéciale dédicace à notre amie séméaquaise : Sachant qu'un rameau de dattes à 40 Dirhams comporte 250 dattes, qu'Alexis en digère 35 par heure, et qu'il crache un tiers des noyaux sur le bas-côté avec un vent de 27 noeuds, qu'un palmier dattier mature en 7 ans, quel sera le bénéfice pour la vallée du Ziz dans 100 ans ?   


Le matériel et les nerfs sont mis à rude épreuve. Chaque matin, nous attendons les premiers rayons de soleil avec impatience. N'oublions pas le dicton, ce sera pire en Bolivie, quand le soleil aura définitivement disparu.



Cycling on the moon ! 



Ceci n'est peut être qu'un avant goût du Dakar que nous espérons croiser en Amérique du sud, (surtout s'il y a Gérard Holtz, cocorico). "Eh t'as vu, elles sont trop cool les sacoches en alu !" 



La djellaba est un cadeau du désert: le pari, faire les 40 bornes de piste restantes jusqu'à Merzouga avec ce gros sac à patates sur le dos. Beaucoup plus intéressant, au loin quelques aimables quadrupèdes à bosse: des dromadaires !!

Pour les toxicos, une autre manière d'apprécier les Camel...


Petit rectificatif sur les routes marocaines: si les nationales, les "rouges" sont plutôt correctes, nous ne pouvons pas en dire la même chose des "blanches" (en réalité des pistes) avec lesquelles nous flirtons sur la route de Merzouga. Nous faisons connaissance avec la fameuse "tôle ondulée" tant redoutée dont parlent Tesson et Poussin (On a roulé sur la Terre). Pour les non initiés, il s'agit d'une succession de bosses formées par le vent et durcies par le passage des 4X4, (quasi absentes de la photo, dans ces moments là on sort rarement l'appareil). Au fait, pour la djellaba, pari tenu !



14/11: Merzouga, avant dernière ville de la petite route en cul de sac qui conduit à la frontière algérienne vaut tout de même le crochet. Les dunes sont magnifiques et puis surtout on s'imagine le passage de Jean Michel Jarre pour un spectacle de sons et lumières dont tout le monde parle ici dix ans après !



Les rabatteurs, chauffeurs de 4x4 et chameliers sont aussi tenaces que les mouches (cf photo1) et il est difficile de garder son calme quand on a mangé du sable toute la matinée et qu'on a aucune envie de mettre 150 euros dans un rodéo de Mitsubishi. Une seule solution, se camoufler !



Aujourdhui, vendredi 15/11, le Maroc ne nous a jamais paru si authentique et agréable à vivre qu'entre Erfoud et Tineghir. Les villages vides de touristes grouillent de jeunes marocains à vélo allant ou revenant de l'école (vraiment impossible à déterminer), de marmots courant à notre rencontre pour demander des stylos et des bonbons, de groupes de jeunes filles voilées nous adressant furtivement des regards curieux et des sourires timides (sans doute le flirt à la marocaine) et surtout de ses messieurs occupant les innombrables terrasses des cafés toute la journée ! Ajoutez à cela un souk, quelques ânes et de la poussière en suspension et vous êtes vraiment dans l'ambiance. 



Nous décidons de finir la journée assez tôt dans un gros bourg, Tinedjad, pour prendre le temps de profiter de l'après midi et de la soirée. Pour tout vous dire, il y a France-Ukraine ce soir et aucune ville de taille respectable à moins de 35 km. Nous ne pouvons quand même pas prendre le risque de terminer dans un bled paumé sans café-terrasse équipé du décodeur qui va bien ! Et puis il n'y a rien de tel que le foot pour se faire des copains et passer une bonne soirée. Le moment de solitude, c'est le coup de sifflet final; nos 56 potes rentrent derechef chez eux, nous nous retrouvons seuls avec les barmans, qui... nous proposent un toit et quelques couvertures pour la nuit. L'hospitalité marocaine est définitivement  infaillible !



Deux invités surprise sont de la partie pour la suite de notre transit vers Ouarzazate: le vent et l'"indisposition digestive" du soldat Vianney. L'étape du samedi est laborieuse, le vent, ce redoutable ennemi invisible et imprévisible nous contraint à abréger la matinée après 35 km à 12km/h sur du plat... Nous alitons notre malade dans un village berbère et, d'humeur morose, nous voyons d'un assez mauvais œil les 12 gamins qui rappliquent avec une furieuse envie de nous taquiner. À la longue, ils sont épuisants ! Heureusement, les grands frères arrivent à leur tour et très rapidement, la machine de l'hospitalité se met en marche. 5 minutes plus tard, deux gaillards dressent une table au coin même de la rue que nous occupons et on nous apporte du thé, du miel, du pain, un étrange fromage de vache et surtout un couscous ! L'aimable cuisinière, une grand mère édentée passe en coup de vent nous demander ce qu'on en pense et rentre chez elle aussi vite qu'elle venue sous une pluie de "choucrane". Ici, l'accueil des étrangers est réservé aux hommes... La joyeuse bande nous emmène dans l'arrière pays visiter leur village tout en nous faisant un cours de berbère. L'ambiance est radicalement différente de celle des gros centres où l'économie du tourisme sape à la racine les chances de rencontres sincères ! Abdullah !



Le fameux couscous, introuvable dans les restos typiques comme dans les gros trucs à touristes. Il n'y a que au sein des familles qu'on le mange ici !



Second ennemi après le vent, le froid. Nous en avons eu un bref aperçu à Ifrane, mais ce n'est rien comparé à ce qui nous attend dans la vallée du oued Dadès, entre Tinghir et Ouarzazate. Nous avons avons voulu faire les malins à aller au Maroc en novembre, il faut désormais assumer. La saison nous a rattrapé au tournant du désert. Le thé chaud à 5 Dirhams devient désormais une pause nécessaire pour éviter de congeler sur place.



"Cheeeeese ! Souriez quoi, les gars !" Il fait 2 degrés et il y a 80 km/h de vent et aucune ville à moins de 30 bornes. Le vent n'a pas fini de nous tourmenter : Il descend du Haut Atlas pour s'engouffrer à pleine puissance dans la vallée que nous suivons jusqu'à Ouarzazate, une vraie plaie. Allez, plus que 60 maudits km avant la douche chaude de Ouarzazate !



aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhhhhhhhhhhh ... see you next week !




samedi 9 novembre 2013

Semaine 6 : Tanger - Fès


NB: Petit changement pour la lecture du blog: nous suivons désormais l'ordre chronologique du haut vers le bas de la page !

Sixième semaine pour l'Eldorado à vélo et premiers coups de pédales au Maroc, de Tanger à Fès en passant par Chefchaouen, Moulay Idriss et Meknès. Nous passons la fin de semaine dans la médina de la ville impériale à réfléchir à l'itinéraire à suivre jusqu'à Marakech: la voie nord, fraîche, verte et plus courte, et la voie sud, aride hostile et lointaine. Résultat du suffrage lors du prochain post ! (ça, c'est pour l'audimat). En attendant, le récit de cette première semaine en Afrique.


Bonjour du Maroc ! (Meknès, devant une des imposantes portes de la ville)



La semaine a été particulièrement courte en termes de km (plus ou moins 450) mais très riche pour tout le reste !



Le changement de monde est radical. Voici la vieille ville de Tanger, du haut de la terrasse de Franck que nous remercions une nouvelle fois ! 



La journée de repos à Tanger est tout simplement exceptionnelle. L'imprévu, la découverte, les premiers pas tant attendus en terre marocaine et avant tout l'accueil de Franck font de notre escale tangeroise une halte très riche de tout point de vue. Attablés dans les cafés les plus typiques, nous apprenons les rudiments de la politesse en arabe. Notre guide nous conduit au détour des ruelles dans des établissements organisés sur plusieurs niveaux et autant de petites terrasses. A l'intérieur, le son des dés que les clients assènent avec vigueur sur les plateaux de ce qui doit être les "petits chevaux" marocains se mêle aux exclamations des joueurs. Nous échangeons à propos de tout et de rien, discutons voyage, débattons religion et parlementons politique, toujours en face d'un grand verre de thé à la menthe. La médina de Tanger est très authentique comparée à celle de Chefchaouen par exemple, dont les murs semblent avoir été repeints uniformément en bleu pour le bon plaisir des touristes, ce qui ne manque pas de nous plaire d'ailleurs !



Au Baza café, en compagnie de Franck !



Chefchaouen, ville incontournable du Rif perchée dans les hauteurs est l'occasion d'une épuisante première journée (lundi 5/11) au dénivelé record : plus de 1800m cumulés pour 128 km parcourus... Pour les connaisseurs de la spécialité locale, rassurez vous, nous profitons plus du patrimoine bleu que du patrimoine vert, plus des trésors architecturaux que des richesses végétales...malgré les sollicitations continuelles ! "Mon frère, tu veux te faire bronzer la tête ?" "Le vélo c'est pour la journée, le haschisch c'est pour la nuit !" CQFD.



La médina de Chefchaouen à vélo, un inédit.



Notre troisième jour de vélo au Maroc (mercredi 7/11) est celui du salut pour nos mollets : les hauteurs du Rif se font oublier au profit de grands plateaux sur lesquels poussent quelques villages. Adieu montagnes verdoyantes, nous retrouvons une nouvelle fois des plaines de champs arides, semblables au décor andalou. Le Moyen Atlas n'est plus très loin lorsqu'en fin de journée nous atteignons les ruines romaines de Volubilis et la très belle ville de Moulay Idriss.



You never eat alone !



Contrairement à ce que la photo laisse penser, les routes ne sont pas si dangereuses au Maroc. Les voitures et les camions sont très attentifs à toutes les étrangetés de la route: ânes, piétons, gamins sur des vélos beaucoup trop grands, moutons, moto-camion et camion moto, charrettes... les automobilistes n'hésitent pas à jouer du klaxon pour prévenir de leur passage et quelques fois pour nous encourager très chaleureusement. En bref, on ne s'ennuie pas du tout en roulant ! L'asphalt est également très correct même si il manque parfois un bon coup de rouleau compresseur ou une couche supplémentaire. PS: Rien de grave sur la photo, seulement une attache rapide (de la chaîne) un peu capricieuse !



Il n'est rien de plus facile que de demander l'hospitalité dans les campagnes du Maroc. Les ruraux sont très accueillants et les longues soirées "nocturnes" (à 17h30, le soleil disparaît derrière l'horizon) permettent de s'initier à l'arabe. Nous passons ainsi la nuit de mardi au milieu des poules, des ânes et des chiens, le jardin d'une ferme s'étant transformé en  emplacement de camping, et le neveu du fermier en linguiste d'un soir !  



Pour deux dirahms vous avez un kilo de pain. Pour deux de plus, un kilo de miel. Ce n'est toujours pas ici que l'on va perdre de la brioche...



Entre Meknès et Fès, l'accueil que nous réservent Driss (qui a en réalité un sourire radieux !), son fils Nabil et les femmes de la famille -à qui nous ne pouvons seulement qu'adresser quelques sourires de loin- est charmant. Le petit déjeuner marocain traditionnel à base de thé, pâtisseries, galettes, olives et huile d'olive est une originale et efficace façon de se mette en jambe ! Nous nous souviendrons longtemps de l'hospitalité de cette modeste famille.




Vendredi 9/11: Quelle journée ! Nous quittons le jardin de Driss pour un transit vers Fès où nous prévoyons, sur les bons conseils de Mohammed (rencontré un mois plus tôt à Sens dans l'Yonne...) une halte à Moulay Yakoub, station thermale très appréciée des marocains à quelques kilomètres de la ville impériale. Nous quittons donc notre plaine pour une descente interminable vers les sources d'eau chaude à travers l'ocre des collines avoisinantes. A peine plus tard, nous nous retrouvons dans la grande piscine publique traditionnelle. (Les nouvelles installations à l’européenne sont trop chères et plutôt dédiées aux touristes en thalasso). Imaginez la scène, trois blancs becs au beau milieu d'un bassin fumant, odorant et grouillant de 250 marocains de tous les horizons, jeunes, très jeunes, vieux, très vieux, rachitiques, bedonnant, obèses, à la peau plus ou moins suspecte, et pas gênés le moins du monde par la proximité physique. Un véritable bouillon de culture à l'œuf pourri (le souffre), un bain de foule au sens propre. En deux mots, l'expérience ressemble un peu au 4ème cercle de l'enfer mais est inoubliable. Il n'y a rien de tel pour les rencontres et les vertus des sources ne sont, paraît-il, plus à démontrer. On nous conseille quand même une petite douche à coup de grands seaux d'eau avant la sortie !



Ça, c'est pour le mythe. (Sur la route de Fès, à la sortie des bains!)



De ce que nous voyons du Maroc, un tiers des marocains sont épiciers, un tiers sont bergers, un tiers sont mécaniciens, un tiers sont serveurs, un tiers sont éleveurs, un tiers sont businessmen, un tiers sont cueilleurs et un tiers sont routiers ou taxis. C'est qu'ils sont plutôt débrouillards. Leur point commun, il sont tous pour le Barça (surtout celui de la photo) !



Non non Champollion, l'arabe c'est dans l'autre sens. (Médersa -école coranique- de Bou Inaniya, Fès)



Fès et son artisanat millénaire: voici les tanneries du sud de la médina; début d'une longue chaîne dont les rabatteurs vous conduisant dans leurs échoppes sont l'autre extrémité. Croyez nous, ça ne chôme pas ! 

A la semaine prochaine !