lundi 3 mars 2014

Semaine 22 : La Paz - Copacabana

Aux portes du Pérou, le long des rives du Titicaca, voici ce qui sera l'ultime post bolivien ! La semaine qui vient de s'écouler n'a pas été très dense en coup de pédales mais on n'est pas prêt de l'oublier pour autant. Il faut confesser que nous venons de passer une semaine complète à la Paz à profiter de cette ville incroyable et à s'offrir des excursions dans les alentours pour une poignée de bolivianos. Notre résidence princière était la Casa de Ciclistas, une colloc montée et mise à disposion par un cyclo germano bolivien pour les cyclos du monde entier (merci Christian !). Imaginez vous, que des cyclotouristes qui bavardent vélo, itinéraire, bon plan, panaméricaine... L'événement mémorable de cette super pause à la Paz est évidemment nos retrouvailles prolongées avec les trois copains de La Grande Echappée et la rencontre d'un septième compagnon de voyage, Ted. Tous ensemble ou presque, avant le grand départ, on s'est attaqué a l'Huyana Potosi, culminant modestement à 6.088m et au célèbre camino de la muerte, la route de la mort. La suite en images !



Semaine plutôt atypique pour l'Eldorado à vélo : nous rayonnons autour du camp de base (comprendre la Casa de Ciclistas) situé à La Paz ; une première fois pour aller au nord, à l'assaut de l'Huayna Potosi (6.088m), une seconde fois vers l'est pour affronter la Route de la Mort jusqu'à Coroico, avant le grand départ vers l'ouest et le Pérou.



Ahhh la Paz ! Son milion d'habitant, ses pentes à 20%, sa street food, son activité bouillonante, sa ceinture de sommets à 6.000 ... Pas de doute là-dessus, la capitale bolivienne où nous sejournons 6 jours est loin de nous laisser indifférents ! La Casa de Ciclistas rend le séjour encore plus agréable. Pour les intéressés, ne cherchez pas l'adresse dans un quelconque guide, il faut contacter le généreux proprio, le commissaire de l'UCI, que dis-je, le germano-bolivien (oui oui, ça existe) Christian : christian at conitzer.de



En attendant les amigos  de la Grande Echappée (http://lagrandeechappee.blogspot.com/ : Alex, Côme et Vincent) que nous avons rencardés à la paz, il faut bien s'occuper. Coiffeur (oui, on a osé), marchés, shopping, réparation des vélos... tout y passe. A la Casa de Ciclistas, on s'acoquine avec Ted, un frenchie à la barbe fournie, tout droit venu d'Ushaïa en vélo, et particluièrement sympa - vous l'aurez deviné, ce n'est pas l'individu de la photo. Autour d'un bonne sopita (une grosse soupe bolivienne), nous décidons de continuer l'aventure jusquà Lima ensemble ! Première étape, le lendemain de l'arrivée d'Alex, Vincent et Côme : l'Huayna Potosi !



L'ascension de L'Huyana Potosi, un des nombreux 6.000 encerclant la Paz est une grande première pour tous les sept ! Aucun d'entre nous ne s'était essayé à l'alpinisme auparavant, et donc encore moins à l'andinisme... Pour trois fois rien, l'agence nous équipe de la tête aux pieds en explorateurs de l'extrême. Que nous sommes fiers de nos piolets et de nos crampons ! En moins de 48 heures, nous vivons une série d'événements forts en émotions... Par décence et respect de la dignité des membres de l'aventure, aucun nom ne sera cité.



Tout commence par une pré-rando de quelques centaines de mètres de dénivelé pour atteindre le refuge faisant office de camp de base à 5.130m. Les guides nous font miroiter quelques quarts d'heure de sommeil en rab pour le départ du lendemain à 1h si nous faisons nos preuves sur ce premier tronçon ! Gaillards, intrépides et pleins de confiance, l'objectif est atteint très rapidement. L'Huyana Potosi ? Ça va être du gâteau !



La Cène.



Lorsqu'un "hola amigos" nous tire du non-sommeil contre lequel nous bataillons depuis quelques heures sur le coup de 0h30, la fine équipe compte 50% de malades que la soupe douteuse de la veille, l'altitude et le manque de sommeil ont considérablement affaiblis... Nous nous sortons néanmoins de nos duvets tant la perspective du sommet est alléchante ! La fleur au fusil et tremblant à l'idée de l'orage qui gronde au dessus de nos têtes, nous enfilons fébrilement nos 8 couches, empoignons nos piolets et allumons nos frontales. ¡ Vamos !



Au bout d'une petite heure d'ascension sous des coup de tonnerre toujours plus proches, nous sommes contraints de redescendre bien que nos guides ne semblent pas vraiment se préoccuper des éclairs violets qui zèbrent le ciel. Chose étrange et peu rassurante quant à la sécurité générale de l'expédition, ils nous laissent le choix de continuer ou non sous prétexte qu'on a payé... Voici une situation bien inimaginable en Europe ! La chance nous sourit enfin lorsque le vent chasse le violent orage qui bloquait l'accès au sommet, "Alleluia !!" s'exclame le guide devant nos regards médusés ! À 2h57, soit trois minutes après l'ultime heure de départ possible, nous nous élançons à nouveau, encordés par groupe de trois à l'assaut de la montagne. Dorénavant, plus question de trainer !



C'est dans un blizzard mordant et en proie à de sérieux soucis intestinaux que nous réalisons l'essentiel des 1.000m de dénivelé qui nous séparent du sommet ! A coup de piolets et de crampons, on avance, on avance !



La dernière phase de la grimpette combine un troisième mur de neige et le franchissement d'une crête assez impressionnante où le moindre faut pas est exclu... Brrr ! 



7h02, ça y est, les 6.088m sont atteints ! Par chance, le temps se dégage pour nous laisser observer à loisir l'incroyable panorama qui s'offre à nous ! À cette altitude, la tête de quelques uns d'entre nous est sur le point d'exploser, il est grand temps de recomprimer tout ça ! La descente, entrecoupée d'urgences digestives n'en est pas moins magnifique. "Put***, j'en ai jamais autant ch*** de toute ma vie" !


 

Sur le toit du monde, au dessus de la mer de nuage, à 6km et des poussières d'altitude ! Amis anglo-saxons, désolé mais l'Huyana Potosi ne fait que 19.974 pieds. Va falloir faire une pyramide humaine pour satisfaire le besoin d'un beau chiffre rond !



Au loin, le lac Titicaca nous semble... tout proche !



Barbe gelée, sourcils glacés, lèvres gercées et autres tubes dérangés voici une photo anonyme d'un des pote de la Grande Echappée !



Encore 2h de descente, la goutte qui fait déborder le vase.



On a marché sur la montagne.



"L'Huyana Potosi c'est comme la drogue, le pire, c'est la descente !" La petite blagounette taguée sur le mur du refuge nous fait beaucoup moins rire maintenant qu'il faut redescendre de notre perchoir ! "Je sens que je vais en prendre plein les genoux, déjà que j'en ai plein le *** !" La densité de vulgarités entendues sur la descente équivaut presque la concentration de jurons prononcés durant la montée... mais surpasse de loin la moyenne d'une journée sur le vélo, et c'est dire ! Heureusement pour les oreilles de notre Seigneur qui est dans les cieux, il paraît que la vue de paysages sublimes pousse à l'élévation spirituelle... Qu'est ce que ça aurait été sans ça ! Contemplation versus digestion, this is it !



L'homme propose, la montagne dispose. 9h42, le refuge est à vue, l'épuisement est TOTAL !




"Sans transition" : retour sur le plancher des vaches ! Nous ne pouvons pas partir de La Paz sans faire la mythique route de la mort, qui tire son nom des nombreux accidents qu'il y a pu avoir sur l'ensemble de son tracé (à l'époque, plus de 100 morts par an, soit un tous les 3 jours...). Au delà de cette considération macabre, c'est aussi une des rares routes au monde qui part de plus de 4.700 m d'altitude pour plonger jusqu'à 1.200 m, le tout en à peine 64 bornes ! La première étape est d'abord d'atteindre la cumbre (le sommet) en bus depuis La Paz pour s'épargner quelques heures bien fastidieuses de montée. La tâche n'est pas si facile car il faut négocier de longues minutes avec le chauffeur pour que celui-ci attache enfin les vélos en équilibre sur le toit.



Nous y voici enfin ! L'oeil se perd progressivement dans les brumes venues des courants chauds amazoniens. 30 premiers km de descente sur une route asphaltée : un pur bonheur en perspective!



Les choses se compliquent un peu lorsque nous bifurquons vers le sentier à flanc de falaise, désormais délaissée du trafic autoroutier (une nouvelle route, asphaltée et un peu plus large a été construite depuis peu). En effet, depuis que nous avons plongé dans les nuages, nous essuyons une pluie tropicale en continue et un brouillard à couper au couteau. De plus, Les panneaux routiers nous indiquent de serrer notre gauche (ie le ravin) pour permettre aux éventuels véhicules montant de serrer la paroi de la montagne. Ce n'est pas forcement une mauvaise nouvelle de ne rien voir quand on est sujet aux vertiges !



Petit à petit, le vue se dégage et laisse apercevoir un paysage époustouflant : des cascades tombant à même la route, des précipices vertigineux, une vallée encaissée verdoyante !



En quelques heures, nous passons rapidement des neiges du sommet à une végétation luxuriante "junglesque". Quel bonheur de revoir un peu de verdure après un mois d'Altiplano ! Arrivés au fond de la vallée, les 3 heures de bus pour remonter à La Paz seront à l'inverse un joli calvaire.



Samedi 1er mars, après une semaine tout sauf reposante donc, nous levons enfin le camp ! Malgré une sortie bien laborieuse de La Paz, nous retrouvons notre cher et tendre Altiplano bolivien, direction le lac Titicaca. Rien de tel qu'une jolie colonnette pour faire face au vent.



L'armada de 7 cyclos que l'on forme avec Teddy et les 3 compañeros de La Grande Echappée passe très très difficilement innapercue...



Au bout de seulement 70 bornes depuis la capitale, nous atteignons les rives du plus grand lac de la Cordillère des Andes, le fameux lac Titicaca. Les panoramas le long de la route, avec la Cordillera Real et ses pics à 6.000 en toile de fond, sont assez incroyables !



En guise d'hostel, on parvient à dégoter à Hogataja une petite salle de restaurant sur pilotis, à exactement 40 cm au dessus des vaguelettes du lac. On passe alors une soirée mémorable à déguster la spécialité locale, la trucha (la truite !).



Au petit matin, nous avons le droit au passage d'un pécheur en habit traditionnel. On suspecte le gugus en question d'être le jouet d'une mascarade organisée pour les touristes de l'hôtel d'à côté...



Second jour de vélo autour du lac que l'on prendrait pour une mer, les vues plongeantes se font de plus en plus impressionnantes; on se croirait de temps en temps sur les rives de notre bonne vieille Méditerrannée !



Après la traversée du détroit de Gibraltar en octobre, les vélos reprennent le bateau, pour le Pérou cette fois-ci !



On a beau être près d'un lac, on reste au milieu des Andes. Les côtes que l'on enfile comme des perles nous le font bien remarquer. 



Copacabana, à "seulement" 3.800m, les bikinis brésiliens sont très très loins. Et la frontière préruvienne toute proche ! 

La semaine prochaine, notre convoi prend la route du Machu Picchu ; A ciao bonsoir !