samedi 26 avril 2014

Semaine 29 & 30 : Popayan - Cali - Madrid

L'Eldorado vous retrouve enfin après deux semaines de silence ! Il faut dire que les quinze jours qui viennent de s'écouler n'ont pas été les plus conventionnels du voyage, la fine équipe ayant connu une séparation de ses membres, la première véritable en sept mois ! Une fois à Cali en Colombie, comme les avions devant nous ramener vers la vieille Europe n'étaient pas exactement les mêmes, Vianney est parti seul (à vélo s'il vous plait) vers Bogota tandis que Quentin et Alexis ont pris un vulgaire bus pour l'Équateur. Au programme pour tout le monde, du tourisme, un "mchouïa" de repos et de fiesta, quelques dernières expériences latinos et bien sûr l'obligatoire et redouté emballage des vélos. Au bout du voyage, c'est avec émotion que nous sommes descendus de l'avion à l'aéroport de Madrid Bajaras : plus que quelques heures avant l'orgie de fromage. Courage. Les parents de Quentin avaient parfaitement anticipé notre état d'esprit et nous ont réservé un accueil princier à base de saucisson de porc noir de Bigorre, de camembert, de jambon cru, de bon pain français, de comté, et bien sûr de maroilles ! Ah bonheur !! Sept mois de repas sans fromage, vous vous rendez compte ? Un nouveau départ (encore un) se profile pour nous après les incontournables visites madrilènes. Retour sur ce retour à la civilisation. Que chevere, comme on dit au pays de Shakira !



Pas facile de représenter sur une carte nos différents itinéraires de ces deux dernières semaines... Partis de Popayan en Colombie, nous arrivons très rapidement à Cali, où des différences de billet d'avion obligent nos chemins à se séparer momentanément : pour Vianney, la route continue (mi-vélo mi-bus) vers le nord-Est, direction Bogota ; pour Alex et Quent, c'est retour en bus en Equateur, direction Guayaquil, en passant par le lac de Calima. Nous nous retrouvons 8 jours plus tard, à Madrid, où nous attend le dernier tronçon du voyage, Madrid-Paris !



A Popayan, Indiana Jones se délecte des brochettes de zébus chassés auparavant. Buen provecho.



Sur la route de Cali, la Colombie se révèle toujours aussi militarisée : on ne compte plus les barrages militaires, tenus bien souvent par des conscrits de 20 ans maximum ... 



A l'approche de Cali,  finies les routes de montagnes sinueuses ! Place aux grandes lignes droites bordées de plantations de cannes à sucre. Ce mastodonte de la route ne sert à rien d'autre que transporter la canne récoltée vers les usines de transformation de la banlieue de Cali pour finir en sucre ou en alcool local,  le Caucano.



Dans l'intimité de Joséphine Baker.



On en parle souvent mais toujours sans photo à l'appui car dans ces situations, impossible de presser le déclencheur et encore moins de cadrer. Voici une gentille petite attaque de chiens comme on en a essuyé des centaines. Ces idiots d'animaux, si aimables quand il s'agit de nous faire de l'œil pendant les repas ne peuvent s'empêcher de nous donner la chasse lorsque nous fendons l'air à 11 km/h en montée. Rien d'exceptionnel sur la photo ci-dessus sinon qu'on peut imaginer une situation similaire avec quatre ou cinq spécimens deux ou trois fois plus gros et plus féroces. On s'est payé quelques frayeurs au cours des dernières semaines, parfois en descente alors qu'un d'entre eux se jette sous nos roues, quelques fois en montée quand ils cherchent à nous prendre un morceau de mollet sur 200m et souvent sur du plat où l'accélération que nous pouvons donner naturellement à nos moissonneuse batteuses exacerbe leur excitation. Heureusement, le soldat Alex s'est équipé d'une machette, "juste au cas où" dit-il. 



A Mondomo, petit village perdu entre Popayan et Cali, le gardien de l'école du village est plus résistant que jamais... Il faudra trouver une autre solution pour passer la nuit sous un toit. On rencontre alors Maria-Teresa, une institutrice de 65 ans comme on en fait plus, qui n'hésite pas bien longtemps à nous proposer de venir passer la nuit chez elle. Bien sûr, on accepte la proposition plutôt deux fois qu'une. On passe ensuite la fin d'aprés midi avec Luis Andres, le petit fils de notre hôte, 9 ans et déjà particulièrement précoce. (Et non, ce qu'il porte sur la tête, ce n'est pas un casque de vélo).



Dormir dans un bar : check. Chez Maria-Teresa, la liste des endroits insolites où nous avons passé une nuit vient s'allonger d'une nouvelle ligne. Pour notre plus grand étonnement, plutôt que de nous laisser dans son salon, notre chère amie nous enmène en effet dans le bar mitoyen où de splendides banquettes fleur-de-lysées nous attendent. Une nuit royale !!



Nous voilà enfin à Cali, capitale de la salsa, après 198 jours d'aventures. Terminus de notre voyage en Amérique latine, tout le monde est prié de descendre. Malheureusement, nous nous rendons vite compte que la ville n'a pas grand intérêt si ce n'est pour la salsa, que nous ne dansons que piètrement même aprés deux heures de cours, et pour ... son zoo (!) richement fourni. Va pour le zoo donc ! De là, nos chemins se séparent : Vianney continuant seul vers le nord pour prendre son avion à Bogotà et Alex et Quent restant à Cali en attendant, non pas Godot (même si l'histoire de leur attente ressemble au livre), mais  leur bus pour Guayaquil.



Les meilleures choses prennent toujours du temps ! 



Une comique contrefaçon de condor.



Sur la photo, vous remarquerez qu'il n'y a plus désormais qu'un seul vélo ! La petite pause de Cali derrière nous, nous devons nous séparer le temps d'une petite semaine, pour cause de chemins divergeants - grande première en sept mois de voyage !- . Ici, les plus fidèles lecteurs reconnaitront donc la bici de Vianney, parti en solitaire pour Bogotà où l'attend son avion.  



En chemin vers Bogota, j'en profite (Vianney !) pour faire un petit tour dans la vallée de Cocora, splendide parc naturel du centre de la Colombie où l'on trouve notamment les palmiers les plus haut du monde - 60m, rien que ça- .  




Au fin fond du Parc naturel, après un bon deux heures de rando dans la pura selva (la jungle tropicale, avec tout ce qu'il faut de lianes, ponts de singe etc.), en guise de récompense, une ferme à colibris attend les viajeros. Le spectacle de ces toutes petites bêtes jaunes et vertes virevoltant à 30 centimètres de vous est é-pa-tant ! 



La nuit chez José -mon aubergiste dans la vallée de Cocora- restera assez mémorable. Le sexagénaire se révèle à moitié barge, mais tout à fait sympathique. Au fil des conversations, il m'apprend qu'il était un grand champion cycliste dans les années 70, habitué à rouler avec les plus grands. Difficile de l'arrêter lorsqu'il commence à vous raconter ses anecdotes du Tour de Colombie 74... Au passage, vous remarquerez sur ses épaules un maillot assez connu sur ce blog !   



Quelques heures de bus plus tard, j'arrive à Bogotà, la capitale colombienne, immense métropole aux tentacules interminables. Croyez-moi, la traversée de la banlieue à 23h pour rejoindre le centre ville à partir du terminal de bus ne restera pas comme le meilleur moment du voyage. 



A Bogotà, lors de la visite du Museo del Oro ("le Musée de l'Or" - l'espagnol, ce n'est pas toujours très compliqué...-), je découvre enfin ce qui semble être la véritable origine de l'expression "El Dorado" ! C'est peut-être la cinquieme version différente que l'on rencontre, mais celle-ci a l'air de tenir assez bien la route. La fameuse expression serait en fait liée à une vieille tradition pré-colombienne : un des rites indigènes consitait alors à lancer des offrandes en or massif dans certains lacs de la Cordillère, considérés comme les ventres de Pachamama, la déesse de la vie. L'El Dorado ferait donc référence à l'un de ces lacs, dont les fonds sous-marins étaient particulièrement pavés d'or. Bien entendu, lorsque les Conquistadors furent mis au courant, le pillage du fond des lacs sacrés devint systématique, parfois au nom de la Couronne espagnole, mais bien plus souvent pour le propre compte des conquistadores. Apparemment, le pillage aurait même continué jusqu'à la fin du XXeme siècle...



Le lendemain de mon arrivée, le hasard m'enmène jusqu'à l'entrée de la cathédrale de Bogotá, où se tient une cérémonie assez exceptionnelle : les funérailles de Gabo, alias Gabriel Garcia Marquez, prix nobel de littérature et superstar dans le pays. Mort deux jours plus tôt à Mexico, tout le gotha colombien se réunissait dans la cathédrale pour lui rendre un dernier hommage. Pas de chance, étant en short, on ne me laisse pas entrer ! Clodo un jour, clodo toujours... (Ted, elle est pour toi celle-là !)

J'en profite pour remercier Sophie, amie d'amie en échange dans la capitale colombienne, qui m'a néanmoins reçu comme un roi pendant ces quelques jours à Bogotá; ¡ Muchisimas gracias ! 



Changement de décor, retour à Cali avec Alexis et Quentin ! Rien de tel pour finir notre séjour dans le magnifique pays de Colombie que d'aller camper sur les bords du lac Calima,  pour fuir la chaleur étouffante de Cali. En théorie 2 jours de repos dans un cadre idyllique,  dans les faits 2 jours d'enfer à supporter les décibels crachés par les coffres des voitures.  Bienvenue dans la rave ! 



Même si ça ressemble à un décor de festival, nous nous trouvons bien dans un camping (sauvage) sur les bords du lac Calima. Il faut savoir prendre du bon temps ! Hahahaha.



Heureusement,  nous avons la chance de rencontrer Aniela, Raoul, Maria del mar, Carole et les autres membres de la famille avec qui nous passons d'agréables soirées à échanger sur nos pays respectifs. Que chevere !


 

Outre l'envie de se détendre, nous voulons profiter du lac pour nous essayer au kitesurf (merci Darling et Darling de Casablanca pour nous avoir transmis votre passion !) : sensations garanties même si nous n'avons droit quasiment qu'à la voile pour la première leçon...



Je ne suis pas sûr qu'Alex notre marin d'eau douce ne soit très à l'aise avec les explications de notre ami ...



Guayaquil, capitale économique de l'Equateur revêt un faux air de Valparaiso lorsque l'on porte le regard sur les collines aux maisons artificiellement bariolées qui bordent le fleuve. Le résultat, un peu forcé tout de même, n'en est pas moins plaisant, surtout quand on tourne la tête et que la laideur du reste de cet immense pôle économique vous saute aux yeux ! Notre bref séjour là-bas au cœur d'un centre ville en ébullition reste très appréciable, la ville ayant le bon goût de n'être absolument pas touristique et donc d'offrir de très nombreux petits comedors, bars, épiceries, magasins et ateliers en tous genres tous plus surprenants et plus typiques les uns que les autres ! Le sentiment souvent rencontré en Amérique du sud que tout est possible, que tout est réparable, que tout est trouvable et que tout est négociable est plus présent que jamais ! Cf. notre recherche de grands cartons pour les vélos qui nous conduit dans les endroits les plus improbables et les plus malpropres, comme le "recyclor" sorte de grande déchèterie en plein centre. Ne vous effrayez donc pas des allures de coupe-gorge de la plupart des rues, partez les poches quasi vides et vous passerez de bons moments ! 



"Bonjour toi ! Qu'est ce que tu fais de toute la journée dans ce charmant parc ?
- ...
- Tu t'amuses bien avec des 47 amis autour du même banc ? Au fait, est-ce que tu mords ?
- ...
- Que dirais-tu d'une petite caresse sur je museau ? Tu ne bronches pas, c'est bien, c'est bien.
- ...
- Toi aussi tu trouves qu'il fait beaucoup trop chaud ? 
- ...
- Toi aussi tu trouves qu'il fait trop chaud. Et pourquoi est-ce que tu as une queue assi longue ?
[...] 
- Est-ce que tu es en train de me dire de ton regard insistant de te ficher la paix, de retourner dans mon pays ? Est-ce que tu me le dis là ?? Non mais tu te fous de moi ! J'apporte des devises dans ton pays moi ! Je soutiens le tourisme ! Et puis j'ai fait 10.000 bornes pour venir te voir ! Tu comprends un peu ?
- ..."



Comme à Casablanca, notre mission si nous l'acceptons (ou pas !) est de faire tenir un vélo dans 230cm -somme des largeur, hauteur, profondeur- tolérés par les compagnies aériennes. Opération tête réduite et préparation du probable discours de négociation au moment du check-in ! 



Ô un camembert ! Un avant goût de la France à Madrid qui nous a bien fait plaisir ! On vous rassure, il n'a pas souffert longtemps.





Petite virée avec la famille W. au coeur de Madrid le temps d'un week-end. Merci pour tout, on ne pouvait rêver meilleur accueil !



22 avril oblige, joyeux anniversaire Vianney !



Pain, vin, fromage, charcut', et surtout, une délicieuse cousine de Vianney qui nous héberge à Madrid : vive l'Europe, et merci Laeti ! 



En exclu, une photo à 3 sur nos bécanes en mouvement, peut être la première depuis sept mois ! 




L'affiche de notre prochain film, uniquement dans les meilleures salles.



Km zéro des routes d'Espagne, tout reste à refaire ! 

A très vite sur les routes espagnoles, et pour ceux qui ne sont pas encore au courant (et ceux qui ne lisent le blog qu'une fois par mois... hahaha), rendez-vous le 18 mai sur le champ de Mars à Paris pour les retrouvailles !

dimanche 13 avril 2014

Semaine 28 : Otavalo - Popayan

Chers tous, cette semaine, l'Eldorado à vélo vous propose un aller direct pour la Colombie ! Bien qu'à l'origine, la petite balade dans le pays du café et des emeraudes n'était pas prévue au programme, nous avons tellement entendu du bien depuis 4 mois de ce pays si singulier, de cette population si charmante, que nous n'avons pas pu nous empecher de faire cet ultime detour pour nos dernieres semaines en terre latino. Resultat, sans aucun doute l'une des semaines les plus riches du voyage ! Des rencontres en tous genres, des locaux aux sourires sans fin, des guerilleros en action, des montagnes à perte de vue, de la végétation luxuriante ...  ¡ Bienvenidos en Colombia




Sur la double-carte (Google ne connait pas vraiment la frontiere ecuatoriano-colombienne), nos 550 kilometres on-ne-peut-plus cordilleresques entre Otavalo, en Equateur et Popayan en Colombie. Si les Andes sont bien moins hautes ici qu-au Pérou ou en Bolivie, les pentes à 10 % sont elles plus que jamais présentes... Pas de doute, cette semaine, "on a mouillé le maillot".



A Otavalo, dimanche dernier, le post du blog vient d'etre publié ; les Dieux du Stade viennent se raffraichir auprès de la cascade du coin. Les bêtes sont abbreuvées, la semaine peut commencer.



"L'enfer du Nord". Quand nous prennons la route lundi dernier, nous sommes très loin d'imaginer la difficulté des deux étapes qui nous séparent de la frontière colombienne... Si sur la photo, le relief du nord de l'Equateur n'a pas l'air plus méchant que cela, croyez nous, faire les montagnes russes (500 m de montée puis 500 m de descente puis 500 m de montée etc.) pendant 3 heures non stop, ça a le don de vous epuiser un homme.
 


Quentin, en plateau 1, vitesse 1. Derrière, le fameux relief complétement bosselé, le tout sous un temps digne du Paris-Roubaix.



Au milieu d'un col interminable la veille de notre sortie d'Equateur, nous rencontrons trois colombiens tout sourire en train de descendre à toute vitesse ce que nous mettrons 2h30 à monter. Courtoisie cyclotouristique oblige, nous formons trois minutes plus tard un petit attroupement sur le bas côté et la conversation se met à crépiter. Partis de Medellin pour une année de vélo vers Ushuaïa, ils en sont alors à leur premier mois et nous échangeons de précieuses informations sur ce qui nous attend respectivement au nord et au sud, en Colombie pour nous, en Équateur pour eux. Ce ne sont pas les premiers cyclos voulant atteindre la Patagonie que nous rencontrons mais ils ont cela d'assez rare d'être... un groupe de trois amis ! Et mixte !  



Les sacoches Ortlieb made in Colombia : tout simplement de gros bidons en plastique. Respect les amis !



Nous parlons beaucoup d'eux sans jamais les montrer. Honte à nous. Le mal est réparé car voici les bomberos de la caserne de Bolívar qui nous ont accueilli à bras ouverts, sans même attendre qu'on lance notre tirade quotidienne pour quémander un toit. Muchas gracias señores !



5 kilomètres avant notre sortie de l'Equateur, une nouvelle rencontre cyclotouristique vient egayer notre Panaméricaine. Et cette fois-ci, c'est en francais ! Ou plutot, en quebequois puisque Mathieu et Magalie nous viennent tout droit de la belle Province, direction la Terre de Feu ! Difficile de ne pas se marrer lorsqu'ils nous parlent avec leur accent inimitable des 'mets typiques de Colombie' et leurs sacoches 'qui se brisent'. Suerte les amis, et comme on dit par chez vous a tantôt !



Ca y est, nous y voilà ! Le tamponnage des passeports aura pris exactement 17 secondes, - record à battre -  les routes de Colombie nous sont ouvertes !



A Ipiales,  la ville frontière colombienne, nous choisissons à nouveau la solution bomberos pour passer la nuit. Cette fois-ci, pas de chance, il n'y a pas de place à l'intérieur nous explique un jeune voluntario. Soit, on dormira donc dehors, derrière les camions, avec le chien de la caserne, et à 4 metres de la panaméricaine qui traverse la ville...  Mais à peine a-t-on finit de monter les tentes sur le béton que le jeune pompier revient vers nous, en nous proposant une solution intermédiaire : dormir dans l'ambulance ! Ni une, ni deux, nous voilà donc allongés sur la civière (cf. la lampe frontale sur la photo) et la banquette du véhicule, prets à passer une nuit pour le moins originale.



A quelques kilometres d'Ipiales, la première surprise que nous réserve la Colombie s'appelle 'El sanctuario de Las Lajas'. En bref, il s'agit ni plus ni moins que du Lourdes local (une Vierge serait apparue ici au 17eme, perchée 40 m au dessus du fond de la vallée), visité chaque année par des milliers de pélerins. Notre Dame du dénivelé, protégez-nous.



Surprise ! A l'intérieur du sacro-saint sanctuaire, point de pieuses bonnes soeurs ni de curés octogénaires ; à la place, on trouve un battaillon entier de policiers, le revolver à la ceinture. On nous avait prévenu que la Colombie était particulièrement militarisée, mais de là à imaginer une invasion de gendarmes dans une église... En fait, renseignements pris, il s'agit du corps de police dédié à la protection du site lors de la Semaine Sainte, venu recevoir la bénédiction de l'Eglise !


 
Les premiers kilomètres en Colombie nous plongent très rapidement dans le bain. Amateurs de plat, passez votre chemin ! Nous retrouvons ici des payages hauts en couleurs, et surtout hauts en relief. Les vertes montagnes du Pérou semblent toutes proches !



Ponctuellement, une cascade de 70 m de haut vient même arroser les rebors de la route, pour le plus grand plaisir des petits gars qui y suent comme jamais.



Le cuy (prononcez 'couille') est aussi une bête à concours comme nos belles vaches normandes ! Considéré comme un met raffiné au Pérou et dans le sud de la Colombie, il est vu par les autres Colombiens comme un signe d'archaïsme. D'ailleurs,  le sud du pays subit les railleries du reste de la Colombie : les habitants y sont surnommés les pastueños -les pestiférés- en lien avec la capitale régionale, Pasto.



La Panam offre de temps en temps de jolies vues sur les villages colombiens. On en redemande !



Carré rouge sur fond vert. Avec un petit intru en plein milieu !



Un petit air d'Amérique centrale  flotte en Colombie avec ces bus colorés chargés d'hommes et de victuailles qui crachent une belle fumée noire et épaisse dans les montées. Agréables à la vue mais pas à l'odorat!



La Colombie, pays aux abondantes ressources naturelles est un des principaux producteurs de café du monde. Nous rencontrons de nombreux petits exploitants au fil des kilomètres sur les bords de la panaméricaine. Au passage, il est bon de retrouver une vie de rue -et de route- presque aussi dense qu'au Maroc ! Première étape, la culture du caféier, arbuste de petite taille dont les branches sont chargées de petites boules jaunes. "Je me coucherai moins bête !" s'exclame Vianney en examinant le fruit en question et venant de comprendre d'où venait le liquide noir qu'il boit tous les matins.



Deuxième étape, séchage des grains au soleil sur de grands plateaux. Troisième étape enfin, torréfaction dans des machines plus ou moins artisanales. Il ne reste plus qu'à moudre. What else ?



Ce drôle d'arbre est un papayer !
 



On ne sait si c'est le fait de ne rencontrer que rarement des gringos au fin fond de leur cambrousse - du fait  notamment de la mauvaise réputation du pays à l'étranger -, ou si la gentillesse est juste innée chez eux, mais les colombiens sont véritablement un des peuples les plus accueillants et les plus sympathiques que nous ayons croisé depuis 6 mois. Les " Buenos dias ! " et autres "Suerte !" n'ont jamais été si courants sur le bord de la route. Et que dire de ce Padre, qui nous a offert une nuit d'hotel dans son village à El Bordo ?  Il faut aussi préciser que les colombiennes rivalisent presque avec les francaises pour ce qui est des atouts physiques ...



Un militaire tout les coins de rue, tel est le prix de la paix sociale ! Les plus jeunes ont à peine 18 ans et veillent à la tranquillité des villes, des villages et des ponts à la manière des chasseurs alpins Gare Montparnasse reconvertis en Pascal le grand frère. Ils semblent très proches des populations (il est arrivé qu'une bande d'adolescentes demande à l'un d'entre eux de faire l'intermédiaire et l'interprète pour nous aborder, il faut imaginer la scène...) Treillis neufs, armes impeccables, entraînement intensif, on ne lésine sur rien ! 24 heures après le passage de la frontière, la vision d'un de ces mômes portant un lance-grenade en bandoulière est mi-amusante mi-angoissante. Se sert-il parfois de son joujou ? La suite des événements apportera la réponse...



Dans un petit boui-boui, tentative d'enrôlement d'un brave chat.



Remolino,  petite bourgade sans histoire des abords de la Panam qui tombe à pic pour notre recherche de logement au crépuscule. Le calme avant la tempête. L'hospitalité colombienne ne se fait pas attendre et nous nous installons rapidement dans l'école du village où nous sympathisons avec les enfants et les professeurs. Jusque là,  rien d'exceptionnel.
C'est au beau milieu de la nuit,  à 2h du matin que les choses se gâtent quand des hommes embusqués dans les montagnes avoisinantes se mettent à tirer sur le poste de police, distant d'à peine 500 m de notre colegio. Pendant 2 longues heures,  nous nnous retrouvons au milieu d'échanges de tirs, cachés dans notre salle de classe... Au petit matin, nous apprenons qu'ils s'agissaient de guérilleros, mais les professeurs se veulent rassurants et nous assurent que c'est la première fois que ça arrive ici et que cet acte est uniquement lié aux élections présidentielles qui approchent donc rien à craindre pour les gringos !



On ne se sera jamais autant régalé qu'en Colombie ! Les plats des cantines populaires sont montés en grade depuis le sud du continent et se voient systématiquement accompagnés d'un jus de fruit pressé le matin même. Et puis surtout, on ne se met plus à table avec la crainte de choper la diarrhée de l'année... "C'est décidé, en rentrant j'investis dans une cocotte minute pour devenir le roi de la soupe". Il n'est jamais trop tôt pour penser à l'essentiel. L'eau est d'ailleurs potable dans certains endroits, élément de confort que l'ont n'avait plus connu depuis le nord de l'Argentine !



Troisième jour en Colombie, nous venons de perde 2000m d'altitude et il fait chaud très chaud... A ce propos, ici, l'altitude des bleds se traduit par un climat particulier et les distances n'existent qu'en termes de trajet de bus (Pasto ? Una hora y media. En bici...Hmmm... Cinco horas. Merci de faire la conversion pour nous les gars !). Autrement dit, les distances s'expriment en heures et les altitudes en degrés Celsius : une variante intéressante de la théorie de la relativité.
 


Notre chère et belle Panam, toujours et encore ! Depuis Lima, il faut dire qu'on ne lache pas d'une semelle !



Popayan, enfin ! Ce n'est pas sans un grand soulagement que nous atteignons la Ciudad Blanca (la Ville Blanche, surnom de Popayan) ce samedi vers 17h. La derniere journée aura été rude, très rude : 95 km de vélo pour 2.100 m de dénivelé positif ( soit sept montées de la tour Eiffel en vélo!!).




Hasard du calendrier, nous arrivons à Popayan,  ville la plus religieuse du pays,  à la veille de la Semaine Sainte. Chaque jour,  défilent dans les rues des fanfares de tout âge,  accompagnant les processions religieuses. Il semblerait d'ailleurs que "The sound of silence" de Simon & Garfunkel soit ici une musique liturgique !



Joyeux anniversaire Quentin !! Ou bien faut-il dire "Kevin", aimable nom d'emprunt d'une soirée d'anniversaire inoubliable ? ("Quentin" est difficilement prononçable en espagnol et si votre interlocuteur ne connait pas Tarentino, c'est foutu). La joyeuse bande de popayanais avec qui nous festoyons dignement au soir du 12 avril bizute le brave tarbais -qui n'aspirait qu'à une soirée tranquille après s'être offert 2100m de dénivelé positif dans la journée, sans doute son plus beau cadeau- en lui faisant une goudron-plumes à base de bière-farine. Dommage pour son si beau chapeau tout neuf... qui lui aussi finit torchon-chiffon-carpette. Inoubliable vous dis-je.

La semaine prochaine, last but not least, nous continuons notre route un poil plus au nord, vers Cali et le lac Calima. A très bientôt !


PS : pour vous faire patienter avant le prochain post, n'hésitez pas à jeter un petit coup d'oeil à la superbe vidéo qu'ont realisée les copains de la Grande Echappée. Chapeau les gars !!