Ahhh rouler en Europe, quel plaisir ! Nous retrouvons sur ce Madrid-Tarbes les joies du cyclotourisme sur des routes impeccables, fournies en bornes kilométriques ainsi qu'en panneaux touristiques et surtout empruntées par des espagnols plus que jamais respectueux des cyclistes. Et puis qu'est ce que les gaz d'échappement sentent le propre par ici ! comparés aux rejets des vieux, très vieux bus colombiens... Le couchage aura lui aussi été très différent des derniers mois puisqu'à défaut de pompiers volontaires, nous dormons à six reprises dans des spots de camping sauvage tous plus idylliques les uns que les autres : franchement, on ne demande rien de plus. Autre changement notable, le soleil se couche tard et il n'y a pas à craindre la guérilla après 18 heures... Voici pour vous, chers lecteurs quelques images de notre traversée express de l'Espagne septentrionale et des Pyrénées ! En avant la musique !
Comme vous pouvez l'admirer à travers les grosses taches brunes qui colorent la carte ci-dessus, le nord de l'Espagne, c'est loin, très loin, très très loin d'être plat. Les 580 kilomètres jusqu'à Tarbes ne devaient être qu'une simple formalité, on en a finalement bavé bien plus que prévu... mais sous le soleil !
Le surlendemain de notre arrivée à Madrid nous redécouvrons un truc tout à fait européen : un mu-sée. Et de peintures par dessus le marché ! Bien qu'il faudrait sans doute une pleine semaine de visites pour commencer à comprendre la richesse de son contenu, le Prado reste bien sûr un incontournable madrilène, même pour un après midi. Sur cette œuvre phare de la collection permanente, vous voyez de gauche à droite une représentation du paradis, des péchés terrestres et de l'enfer. Traduisez pour la semaine qui suit : un monde sans vent, les cyclos au rayon charcut' du Dia Maxi et la montée du Pourtalet vent de face. Pardon pour cette interprétation vulgaire. Et surtout, merci Herr Bosch.
Rentrée des classes pour l'Eldorado à vélo. Hop hop, finies les vacances, on remonte sur les cale-pieds, direction ... la France (!!!).
A une grosse soixantaine de kilomètres de Madrid, la nuit tombante nous oblige à retrouver rapidement les bons vieux réflexes de camping sauvage que nous avions laissés de coté lors ces derniers mois. Primero, trouver le site idéal, ni trop éloigné de la route, ni trop proche, avec des sources d'eau et de bois à proximité dans le meilleur des cas. Croyez-nous, sept mois de voyage, ça vous forme un sixième sens pour ce genre de choses. Secundo, monter les tentes (6 minutes 40 record à battre). Tercero, couper du bois dans le bosquet d'à coté, et préparer le feu de joie. La machette équatorienne d'Alex est une aide très précieuse pour cette troisième étape, tout à fait essentielle pour un bivouac réussi. Quarto, sortir le réchaud, le paquet de pâtes et tout ce que Dame Nature (ou le Carrefour de la dernière ville traversée) aura bien voulu glisser dans nos sacoches. Quinto, se régaler (...), se réchauffer autour du feu, cadenasser les vélos et s'emmitoufler dans les duvets !
Notre second jour de vélo signe le grand retour d'un phénomène que l'on croyait disparu à jamais... le mal de genou d'Alex ! Malheur à nous, pauvres utopistes ! On achève donc l'étape plus tôt que prévu, et ce n'est pas si mal puisque nous plantons les tentes au bord d'un des nombreux lacs qui peuplent le nord de l'Espagne. La baignade dans l'eau à 15 degrés aura visiblement fait le plus grand bien au blessé du jour, puisque le lendemain, tout roule comme sur des roulettes.
Impression soleil couchant, version cyclotouriste.
La traversée de l'Espagne, c'est aussi l'occasion de réviser sa géographie de la péninsule ibérique. Castilla la Mancha, Castilla y Leon, Navarre, Aragon ... Les cours de 4ème sont très loin, le rafraichissement intellectuel ne fait pas de mal.
- A Paris Senor !
- A Paris ? Quelle drôle d'idée ?
- J'me dis la même chose"
J'achète encore un château en Espagne.
Troisième jour de bici après Madrid et se profilent au loin trois silhouettes de grosses cylindrées dans le contre jour de cette fin de journée. Et comme chaque fois que l'on est sur le point de rencontrer d'autres types à vélo comme nous, c'est après avoir plissé les yeux deux bonnes minutes que nous nous rendons compte que les fameuses ombres au loin ne se rapprochent que très lentement. Le déclic est alors immédiat: des cyclos ! En l'occurrence, il s'agit de trois retraités espagnols équipés de magnifiques vélos dotés du traditionnel quatuor Ortlieb (marque allemande universellement répandue de sacoches de cyclotourisme). Partis pour un grand tour de l'Espagne ils ont une organisation à couper le souffle : chaque étape -prévue à l'avance bien entendu, faut pas déconner- fait l'objet d'une description détaillée à la centaine de mètres près... On est très très très loin des plans de voyage de l'Eldorado à vélo !
Voici Bolivar, la machette de notre ami Alex, achetée dans le village éponyme en Equateur. Notre meilleure alliée pour couper le bois et le saucisson. Une amie fidèle dans n'importe quelles conditions. L'essayer, c'est l'adopter !
Vianney, le cyclo qui danse sur le feu (Béa, Goulfy, Boniche, Dédé, elle est pour vous celle là, en mémoire d'une certaine soirée autour d'une cage de foot).
Vous l'aurez compris, cette semaine, froid oblige, impossible de tenir une soirée sans un bon feu de joie !
Un t-shirt technique mairie de Tarbes, un sous-pull technique Quechua, un pull Star Trekk' en fibres de bambou (d'où la couleur verte), une doudoune Northface de contrefaçon bolivienne, un coupe-vent Helly-Hansen soit disant vrai (on rigole vu son origine) et une couverture de survie 100% vraie cette fois-ci, vous avez dit "à l'arrache" ?? Faut se préparer un minimum quand on affronte le grand nord espagnol ! Non mais ho !
Le début "des petites routes" bitumées -sans doute en l'an 40- au pied des Pyrénées : une chose complètement inconnue outre Atlantique où le choix des routes alterne entre Panaméricaine impeccable et chemins cabossés de campagne. Petites routes, grands plaisirs !
"Allez, les gars, on se motive un peu pour la photo, on montre qu'on est content !"
Ce soir c'est BurgerKing dans la joie et la bonne humeur des 80 km/h de vent. C'est aussi la quatrième utilisation de la grille de barbeuc en sept mois. Amis qui prévoyez de partir à vélo, ce gadget n'est pas d'une utilité décoiffante. Il paraît qu'il y en a qui utilisent de vieux rayons de vélo et que ceux-ci font un excellent substitut ! A creuser.
On vient d'apprendre de l'ESCP que l'on ne peut pas prendre une troisième année de césure. Le choc est terrible. Il faut rentrer.
Souvenez-vous du berger andalou des premières semaines de voyage ? (Voir le post andalou pour les plus motivés) celui-ci nous le rappelle fortement, en sûrement moins authentique avec son bleu de travail, mais dans un cadre tout aussi beau. On a l'impression d'effectuer notre transhumance retour. Moment émotion s'il vous plaît.
À 7h25, nous rallumons le feu de la veille en soufflant sur les braises encore chaudes... Y'a des matins comme ça où émerger n'est pas facile du tout ; On a parfois l'impression d'être des soldats de la Grande Armée !
Amis astronomes, en direct du ciel navarrais, la découverte d'une nouvelle nébuleuse planétaire dans la constellation du campeur. On me souffle à l'oreille qu'il s'agit en fait du cinquième feu de la semaine en train de subir un éparpillement de sécurité avant sa mise à mort...
4ème jour, la cordillère pyrénéenne pointe le bout des ses sommets enneigés et nous nargue en nous envoyant un bon vent de biais qui nous oblige à rouler penchés comme des tours de Pise. Les Pyrénées n'ont (presque) rien à envier aux Andes.
Les très impressionnantes falaises de Mallos de Riglos font partie des bonnes surprises que nous ont réservées les Pyrénées aragonaises. Nous, on en redemande !
Nairo Quentin-a, (excusez-nous pour très mauvais jeu de mot, on commence à manquer d'inspiration) en pleine action dans le col du Portalet, dernier obstacle avant la France !
Douce France, le pays de mon enfance ! ENFIN, nous traversons la frontière française, qui, à notre plus grand regret n'est même pas annoncée par le moindre panneau ! Scandaleux.
Vers le bas des vallées (en l'occurrence celle d'Ossau), dévalaients des valets délavés, veules et velus. A vos souhaits mon cher Boby Lapointe.
Le jardin des délices, selon l'Eldorado à vélo.
Au loin, le pic de l'Aubisque et son fameux col, que l'on ne pourra grimper cette fois-ci, la route étant encore fermée à cette époque-ci de l'année. Ce n'est finalement pas plus mal, le temps de repos à Ibos vient de gagner 24 heures....
Après finalement 580 kilomètres depuis Madrid, home sweet home pour Quentin !
Voilà, après 6 jours de vélo, nous voilà à Tarbes, chez Quentin, au pied des Pyrénées. Arrivée royale, sous un ciel bleu azur, avec, en prime, une petite coupe de champagne, quelques gâteaux apéritifs et surtout la terrine de foie gras de la grand-mère gersoise. L'ultime rempart a été franchi, il ne reste plus qu'à savourer ! Bienvenue en terre bigourdane !