Cette semaine, place à la culture, au tourisme et autres activités de sexagénaires (qui a dit le vélo ?). Nous sommes aujourd'hui à Tanger, dans la magnifique maison à trois étages et au pure style oriental de Franck, en plein cœur de la vieille ville. Heureusement, notre hôte est venu nous accueillir au port avant de nous guider dans le dédale de ruelles de la médina. Nous étions hier aux portes de L'Europe, il était grand temps de faire le grand pas au dessus de la Méditerranée. Marre des sandwichs au roquefort-jambon et raz le bol de la facilité des campings, le trop plein d'"européanités" se fait sentir ! Avons nous parlé trop vite ?
Le trajet de la cinquième semaine n'est pas une ligne droite vers le Maroc, nous nous autorisons un "crochet" vers le nord.
L'Alhambra de Grenade est un sacré avant goût des merveilles du Maroc. En attendant les palais des contes des milles et une nuit, voici l'abside de la cour des lions, seul cliché d'une longue série où aucun touriste ne vient gâcher le plaisir d'appuyer sur le déclencheur...
Cette cinquième semaine commence donc par une visite approfondie de l'Alhmabra à Grenade, immense ensemble où les époques se mélangent autant que les architectures.
Comme vous l'avez noté, cette semaine a été très riche en vieilles pierres, il serait mensonger de n'en présenter aucune. Après une journée et demi de pédalage vers le nord, nous voici à Cordoue. L'ancestrale église wisigothe transformée en mosquée au IXème siècle puis devenue cathédrale au XVème est la pièce maîtresse du tourisme local. Nous passons deux bonnes heures à déambuler à travers cette "Forêt de symboles" !
L'alcazar cordoban des rois catholiques, Ferdinand d'Aragon et Isabelle de Castille pour les plus célèbres, ou comment passer une très agréable après midi dans les jardins à l'orientale de la forteresse d'où a été planifiée la reconquête de Grenade, le 2 janvier 1492. Trois points culture d'un coup, on vous l'avait promis.
Sur les bords du Guadalquivir, à Cordoue !
La route reprend, et nous croisons à nouveau des champs d'orangers à perte de vue. Las narenjas dans la langue de Cervantes. Celles qui ont manqué au précédent article ; nous désespérions de les retrouver après les grandes plaines de Valence ! Elles nous font saliver du matin au soir le long des routes d'Andalousie occidentale : Les arbres à agrumes (agrumiers? à vérifier) forment de véritables forêts le long du Guadalquivir. Croyez nous, il est bien difficile d'y résister, elles sont tout simplement délicieuses. En fait chaque pause est l'occasion d'en manger un bon kilo (chacun). Et chaque champ non grillagé est l'occasion d'une pause. Et chaque champ à plus de 2 km d'une ville n'est pas grillagé. Nous croisons une ville en moyenne tous les 25 km et nous en roulons 125 par jour. Question: sachant qu'un champ mesure 150m et qu'une orange pèse 200g, combien d'entre elles disparaissent, dure et triste fortune dans un estomac sans fond par un appétit sans lacune ?
Depuis le début du voyage nous jouons dans une délicate équation dont les inconnus sont les éphémérides (heures de lever et de coucher du soleil), les changements d'heure, le rythme de vie des espagnols et bien sûr le cycle des saisons qui progresse irrémédiablement vers l'hiver et les températures qui vont avec. Je m'explique, les journées raccourcissent, le carnaval des pulls vert (et parfois des gants et autres tours de cou) se prolonge de plus en plus vers la pause de midi, nous rallumons le feu de la veille au petit matin, et nous terminons la vaisselle du soir vers... 19h ! L'avantage est la dizaine d'heures que nous sommes obligés de dormir par nuit pour suivre le cycle de soleil... Voir le positif dans le négatif, très bonne philosophie monsieur Dallas.
Nous voici enfin arrivés à Séville, capitale andalouse. L'auberge de jeunesse à trois rues de la Giralda et du quartier juif est l'occasion de rencontrer des jeunes, des voyageurs, des allemands, des allemandes et quelques uluberlus locaux ! La nuit en dur n'est pas de tout repos, les allées et venues dans notre dortoir à 15 lits s'enchaînent jusqu'à l'aube...
La Giralda, ancien minaret transformé en clocher et aujourd'hui plus belle pièce de l'immense cathédrale de Séville dont les sévillans sont très fiers.
Les kilomètres sur le compteur défilent à toute allure en Europe, ce sera désormais très différent. Youssef, dans le ferry nous prévient que ce ne sera pas une partie de plaisir : "vous vous souviendrez de moi dans la montée vers Chefchaouen, ça va piquer !"
Voici ce dont on se souviendra (entre autres) de l'Espagne: un art de vivre en quatre mots et quelques euros...cela dit, il manque à ce menu la siesta ! Adieu l'Espagne, bonjour le Maroc !
De Tarifa, le point le plus méridional de l'Europe (de ce côté-ci du moins), nous apercevons les reliefs orangés du Maroc. Un petit bain dans la mer, à quelques brasses de l'Afrique nous fait prendre conscience que nous vivons un nouveau départ... Et les hauteurs du Rif, dans le lointain, nous font déjà pâlir. Pendant que Vianney découpe minutieusement le guide Michelin espagnol (pour ne conserver que les pages utiles à notre retour, il n'y a pas de petites économies) nous sirotons une ultime sangria en terrasse. Venga !
Les trente prochains kilomètres ne seront pas exigeants en effort. La traversée ne dure qu'une demi heure, rien de plus simple. Nous rencontrons sacrée palanquée de marocains qui nous vendent tour à tour un nouvel itinéraire ! "et puis j'attends ton appel !"
Un mois déjà, le triumvirat tient bon, personne ne s'est auto-proclamé dictateur à vie. Aucun tyrannicide n'est au programme. À défaut de pouvoir jouer à la belote (un grand vide que ce 4ème gobelet et cette 4ème assiette), nous pouvons facilement prendre des décisions à la majorité. Peut-être qu'on aurait préféré la belote...
Un immense merci à Franck, professeur de dessin récemment installé à Tanger dans une ravissante maison qui ne cesse de nous étonner, pour nous avoir accueilli à quelques jours de son emménagement, fait visiter sa ville et permis une transition très agréable vers l'Afrique !
Beslama ! (Aurevoir en arabe ; prononcer "baisse la main", un super moyen mnémotechnique)