Cette fois ci c'est la bonne ! Plus question de faire demi-tour, de coller des gomettes ou de sucer des glacons. On attaque l'Amerique Latine ! Au programme de cette 10eme semaine de voyage, une rapide visite de Buenos Aires, des retrouvailles chaleureuses, puis enfin le grand plongeon dans la Pampa, ses routes sans fin et ses champs à perte de vue, le tout assaisonné de bien belles rencontres. ¡ Buen viaje muchachos !
La route 7, notre meilleure amie depuis 5 jours ! Nous lui sommes très fidèles. Difficile de se perdre en Argentine.
Cap à l'ouest ! (on a particulièrement apprécié l'étape entre "D" et "E")
Nous mettons nos habits du dimanche (hahaha) pour visiter Buenos Aires. La ville est tentaculaire mais très agréable à cette époque de l'année. Peu de patrimoine architectural mais des habitant(es) qui compensent largement ! On nous l'avait dit, et les dires se confirment, les argentines sont superbes... La peau des espagnoles, le regard des italiennes et les cheveux des indiennes !
Outre ses femmes au sommet de la pyramide de la beauté, l'Argentine est inclassable. Ni en voie de développement ni complètement développé, le pays est nationaliste, protectionniste, fier et en même temps issu d'un grand métissage. "les mexicains descendent des Aztèques, les péruviens descendent des incas et les argentins descendent des bateaux !"
Merci Roseta de nous avoir TOUT expliqué sur les bus de Buenos Aires.
L'émotion est bien présente au moment de quitter notre Hortie nationale et la bonne Spé. Un grand merci à vous deux pour votre acceuil ! On se dit qu'on serait bien resté un jour de plus à BA Capital Federal, mais à ce moment du voyage, l'appel de l'Aconcagua n'a pas d'égal ! Une dernière mono-bise aux plus belles filles de Buenos Aires, et on se lance dans 45 km de banlieue étouffante.
"Café, thé ou maté ?" Une révolution dans la question que nous lance Quent au petit matin. Le Yerba Mate, une infusion d'herbes que l'on sirote tour à tour par la bombilla (prononcer "bombicha") occupe une place centrale dans le quotidien des argentins. Il n'est pas un caissier, un camioneur ou un vieillard qui n'ait pas son matériel et les entrées des supermarchés sont souvent flanquées de deux distributeurs d´eau chaude. Ce n'est pas une boisson facile d'accès pour nos papilles adpatées aux thés archi sucrés du Maroc. Il faut prendre le temps de s'habituer à l'amertume de ce breuvage traditionnel indien qui procure en retour un tonus du diable !
L'obsession du pays pour quelques cailloux peuplés d'irréductibles Ecossais nous laisse perplexes... Attention, ici, on ne rigole pas avec ça. La revendication des Malouines est une cause nationale qui a contribué à l'unité du pays lorsque la dictature commençait à se fissurer dans les annés 80. Chaque argentin y est sensible; les manifestations et monuments aux morts sont légions. Voici une des formes de la célèbre fierté argentine.
Luján, c'est peu le Lourdes local. Chaque année des millions de personnes parcourent à pieds les 80km qui séparent Luján de Buenos Aires et repartent avec leurs bidons de 5 litres d'eau bénite. Malheureusement nous manquons la transhumance de peu... Au passage, nous ne pensions pas trouver de si belles cathédrales de ce côté-ci de l'Atlantique. Celle-ci nous fait chaud au coeur !
Après une longue traversée des faubourgs de Buenos Aires, le destin nous fait attérir à la Mecque du barbecue en béton, un espèce d'immense camping où viennent se reposer des argentins par centaine le week-end. Nous y rencontrons Geronimo, le fils du proprio (toujours une valeur sûre) adepte du cyclo-tourisme, et Hugo, alias Crocodile Dundee. Le deal est rapidement trouvé : salade composée made in France vs. emplacement à l'oeil.
Hugo (celui du mileu), l'homme du Cap Horn, celui qui remonte l'Amerique Latine en vélo mono-vitesse, qui participe plusieurs fois au Dakar, qui fait de la chute libre, qui rencontre Brad Pitt sur le tournage de 7 ans au Tibet à Mendoza, qui a vu l'avion des rugbymen argentins cannibales qui s'est crashé dans les Andes, qui est footballeur professionnel, qui est reporter en Irak, qui travaille pour Discovery Chanel, dont l'école se trouve à 4200m d'altitude et dont la copine est un top modèle russe se joint à nous pour le petit café du matin. Pour notre plus grand plaisir, il tourne une nouvelle fois les pages collantes de son album de vie, un classeur de vieilles photos et de coupures de journaux qui viennent appuyer et illustrer tous ses incroyables récits. Il remet en place son Stetson aux montures de métal, nous tend une grosse main et nous prend dans ses puissants bras pour nous souhaiter bonne chance. Le poitrail du colosse nous brise à chacun quelques côtes.
En parlant de relief, l'étape d'aujourd'hui est, à la différence du torse de l'Ushaian, archi-plate. Rendez-vous compte, 25m de dénivelé cumulé pour 140 km parcourus ! Ça donne un joli 0,0007% de pente. On est sur de l'horizontal mathématique, sur la surface d'un lac, sur de l'incrédubilité face à la théorie de la Terre ronde.
S'ajoute à la dérivée nulle du profil de l'étape son caractère quasi rectiligne. Il va falloir être fort les gars...
La progression sur la Ruta Siete (Nationale 7 pour les franchouillards) est tellement monotone qu'en dépit des conditions parfaites pour pulvériser un record dans la journée, nous avons le sentiment de ne pas avancer, et l'usage du baladeur s'impose pour la première fois. Ceux qui nous propulsent, ce sont les camions. Dès qu'un citerne ou qu'un transport de bétail nous frôle (dans le bon sens...), nous gagnons quelques km/h. C'est très impressionant mais on s'habitue assez vite à se faire dépasser à moins d'un demi .mètre par des 30 tonnes lancés à toute berzingue sur la piste d'athlétisme qu'est la Route 7 !
Alex à la recherche de réconfort : 2 mois et demi de voyage, ça commence à faire long !
L'infini c'est long, surtout vers Mendoza !
Nous retrouvons de vieilles connaissances : le vent de Ouarzazate, le soleil d'Andalousie et les ornières du canal de Bourgogne. Joli cocktail ! A notre grande surprise, dès que nous quittons les grands axes, les routes ne sont plus goudronnées et nous rappellent le Maroc.
Lors de notre arrivée à Vedia (3eme jour de vélo en Argentine) , nous rencontrons les locaux occupées à un jeu peu famillier: le Tejo (prononcez "Tero"). Ça ne vous dit sans doute pas grand chose, mais le principe est exactement le même que notre bonne vieille pétanque, à la différence près qu'il ne s'agit pas de boules mais de palets ! Nous nous rendons vite compte que nous ne faisons pas le poids face à José (alias le B-52) et Roberto (alias le sniper), champions du canton, qui enchainent les carreaux et les frappes chirurgicales.
Rencontre avec Freddy et Gaston, toujours à Vedia, ou comment manger 5kg de viande à 5. Nous avons oublié de préciser que les Argentins sont avant tout de grands carnivores, fidèles du barbecue, à notre plus grand plaisir. D'une manière générale, les locaux sont avenants et très curieux sur le comment/pourquoi du voyage. Nous ne manquons pas de leur répondre en donnant le plus de détails possible, ce qui est l'occasion pour certains de maîtriser deux ou trois tournures d'espagnol par coeur !
Freddy y Gaston, muchas gracias por haber compartido la tarde y la comida con vosotros. ! Nos vamos a recordar de Videa para siempre !
Les vaches nous toisent toute la journée de leurs regards satisfaits lors de notre passage à vélo sur les routes fumantes. Nous leur rendons la pareille le soir venu ! Ce n'est pas encore sous ces latitudes que nous allons mourir de faim.
Après 5 jours roulés, il nous reste encore 716 km jusqu'à Mendoza, soit la distance entre Tarbes et Paris à vol d'oiseau. ¡Venga gringos !
Chaque extravagance qui rompt la monotonie de la route est un prétexte pour s'arrêter. Ici, heureusement que des saisonniers nous hêlent pour un godet d'eau fraîche car le vent, sur l'avant du travers, tue toutes les sensations.
Muchas gracias hombres por la pausa. ! Fue buena unda!
Dupond : Et hop ! encore un mirage !
Dupont : Tu crois ?… Ça n’en a pas l’air… A ta place je ferais un petit virage et…
Dupond : Moi, faire un virage pour un stupide rimage ?… Euh… Un rivage pour un mirage… Non, un mirage pour un virage… euh… Enfin, jamais de la vie : je continue tout droit.
Nature morte à la 2CV.
Gaucho, père et fils. La Ruta Siete ne draine pas que des 30 tonnes, et c'est tant mieux !
Ici, on ne parle qu'en lignes droites, blocs et angles droits. Les villes et l'ensemble du pays ne sont qu'un vaste damier où nous avançons comme des pac-mans à la recherche de leurs cerises... Ci dessus le plan de Rufino, la ville où nous mettons a jour le blog, bloqués par une mousson d'enfer !
¡ Hasta pronto !