Après l'effort, le réconfort : notre 8eme semaine de voyage est l'occasion de recharger nos batteries, après la longue traversée au Sud de l'Atlas la semaine dernière. Nous franchissons les 200 km montagneux qui nous séparent de Marrakech en 3 jours de vélo assez fastidieux, avant de rejoindre Sidi Abdellah Ghiat (sud de Marrakech) où nous accueillent comme des princes Patricia et Dany. Le départ pour Casablanca risque d'être douloureux...
Le sourire est radieux dans ce petit coin de paradis !
Le voyage prend de plus en plus l'allure d'une transhumance. Il faut quitter les plaines sans eau du sud pour retrouver les pâturages verdoyants du versant nord de l'Atlas. Pour cela, l'unique solution est la route escarpée du col du Tichka qui mène à Marrakech à travers la montagne.
Un dernier coup d’œil dans le rétro et nous quittons finalement Ouarzazate, sa kasbah, ses hôtels à 100 dirhams, ses studios de cinéma et ses larges avenues de béton. Les quelques villages que nous traversons ne ne regorgent pas vraiment de vie. Celui qui bouillonne en revanche, c'est une fois de plus le vent, qui sabote à coup de grosses bourrasques notre vitesse de croisière. L'après-midi est longue et laborieuse. Le vent, violent et imprévisible nous désarçonne de temps à autre et ne semble pas faiblir malgré l'approche des montagnes !
Comme nous sommes transis et las, Alex s'en va quémander le gite à un groupe de locaux postés à la sortie d'un minuscule village des contreforts de l'Atlas (Ait Ibourk sur la carte). La technique est assez simple et fonctionne à tous les coups : aborder un groupe d'hommes bavardant dans un coin (pas très difficile à trouver), sortir les quelques mots d'arabe que nous connaissons, repérer celui qui est le chef et laisser prendre la mayonnaise ! Après quelques conciliabules berbères, bingo, on nous emmène dans une cahute de berger, faite de grosses pierres et de bambous et surplombant la vallée. Chose surprenante, nous sommes cernés de petites pierres dressées vers le ciel qui ne sont autres que des sépultures. L'atmosphère a un petit arrière goût du Blair Witch Project !
Medhi, Hamid et Driss viennent tour à tour nous demander comment on survit là-haut, avec une miche de pain, de l'eau et l'envie de gagner 20 dirhams... La soirée à l'abri du vent est particulièrement courte : il n'est pas 20h quand l'on zippe les duvets jusqu'en haut. "Dormez, je le veux !"
Le lendemain matin, on repart fissa fissa (ou plutôt mollo mollo) sur les routes de l'Atlas, à l'attaque du col du Tichka, le dernier rempart avant les plaines de Marrakech.
La fausse joie, dite du "montagnard écoeuré": En voyant la descente se profiler et un parc d'antennes, comme des bleus, on croit être au fameux Tichka, qui n'est en fait que 10 km plus loin !
Le troupeau s'ébranle paresseusement et entame la traversée sans précipitation car chaque bête sait que le voyage sera long et pénible. Agglutinés pour se tenir chaud et lutter contre le vent, nos trois moutons, à force de pauses et de lentes mais efficaces reprises se hissent jusqu'au col. Pour la descente, tous enfilent une petite laine (...) et s'encapuchonnent le museau !
Cette fois-ci, c'est le bon ! (Sur la photo, Vianney à 2261m).
Après le grand toboggan du versant nord de l'Atlas (un bon 30 km de descente, que du bonheur !), nous achevons notre journée dans un campement improbable : la maison inoccupée et en cours d'aménagement (sans carreau aux fenêtres, bonjour les 3°C à 2h du matin...) du beau-frère de l'épicier du village (Touama sur la carte). L'hospitalité marocaine n'a pas fini de nous étonner !
Petit aparté sur nos compagnons les camions marocains. Nos grands potes durant ces quatre dernières semaines. On nous avait dit de se méfier de leurs dangereux écarts sur les routes sinueuses du Royaume, mais 1500 km plus tard, aucun pépin, pas même une frayeur (ou presque). Ce qui est certain, c'est que leur style unique et inimitable n'a pas fini de nous en mettre plein les yeux ...
Notre situation est plutôt précaire à Sidi Abdellah Ghiat ! Patricia et Dany nous reçoivent dans le faste de leur magnifique demeure dont la finesse du détail artisanal n'a d'égal que la qualité du personnel ! Au pied des montagnes, dans la continuité de la vallée de l'Ourika et à 15 km de Marrakech, le travail des 10 dernières années qui a transformé un terrain vague en un très beau domaine est plus que remarquable. Au delà de l'endroit lui même, c'est l'accueil chaleureux et la générosité de nos hôtes que nous saluons ! Merci mille fois, on ne saurait vous exprimer notre reconnaissance pour ces quelques jours inoubliables ! Un grand merci à Mohammed et Naïma, le bras droit et la cuisinière pour leur sympathie, leur humour et leurs pastillas... Quitter Dar Basma pour retourner à la vie itinérante ne sera pas facile facile. Un autre départ pour l'Eldorado à vélo !
"Il me semble que la misère serait moins pénible au soleil !"
Le souk de Sidi Abdellah Ghiat, ses pièces de viande, ses vendeurs d'épices, ses gamins, ses marchands de babioles et bien sûr... sa meilleure cliente !
C'est le corps et l'esprit liquides qu'Alex tente de vous exprimer quelque chose.... Qu'il s'est fait plein de potes au hammam ? Que 50°C et 95% d'humidité et au bout de 1h30, c'est un peu long ? Qu'il a comme qui dirait une petite faim ? allez savoir.
Entendu au détour d'une rue de la médina de Marrakech : "Vous, en Europe, vous avez des montres. Nous, au Maroc, on a le temps !". Sur ces belles paroles, à la semaine prochaine!