mardi 11 février 2014

Semaine 19 : San Pedro de Atacama - Sud Lipez - Uyuni

Et bien non, le suicide cyclotouristique que tout le monde nous avait annoncé ne s'est pas produit ! Il faut avouer qu'après les moments difficiles du Paso Sico, on ne s'est pas fait prier pour organiser un peu plus la semaine de quasi autonomie qui nous attendait dans les déserts du Sud Lipez. Avec les précieuses feuilles de routes d'un couple de cyclos chevronnés, l'expérience toute fraîche de notre ami Paul, la livraison anticipée de 8kg de vivres, l'acceptation de porter 7 litres d'eau chacun et notre bonne étoile qui a écarté les orages, la semaine est passée à la vitesse de l'éclair ! Le Lipez, grande région du sud ouest bolivien perchée entre 4200 et 4930m d'altitude offre 400 km de pistes hors du commun le long de magnifiques lagunes. Un détail a fortement égayé cette traversée de la mort: une chienne, baptisée "Fermin" (prononcer "fermine") nous a accompagné sur 4 jours et 250km; Cette touche de féminité a été plus que bienvenue ! Notre itinéraire nous a finalement conduit à Uyuni, où, impatients de découvrir le Salar noyé sous les eaux de pluie, on s'est payé une virée en 4x4 sur la journée. C'était exceptionnel, sans doute le clou de la semaine ! 


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Quelques conseils et infos pratiques pour les cyclos qui tenteraient l'aventure du Lipez :

- Le Lipez est tout à fait faisable pendant la saison des pluies mais malheureusement la traversée du Salar est quasi impossible à cause de l'eau présente entre janvier et mars (certaines parties sont sèches mais l'eau cerne complètement ces parcelles et peut s'étendre sur plusieurs km et 40cm de profondeur !) Il faut donc bifurquer vers Alota après la laguna Hedionda et contourner par le sud.

- Du sud vers le nord, la montée vers le Paso Hito Cajon et la frontière bolivienne est très difficile. Il y a 2300m de dénivelé positif à avaler sur 45km ! Ça a été l'étape la plus éprouvante de la semaine alors que c'est la seule qui s'est faite sur du bitume !

- L'entrée du parc coûte 150 bolivianos par personne, soit 5 fois le prix d'il y a 4 ans.

- La carte schématique et les descriptifs disponibles sur tour.tk sont un support très précieux. On ne s'est aidé de rien d'autre. Les points d'eau, les refuges, les  ravitaillements possibles, les lieux abrités du vent pour camper, les kilométrages précis... Tout y est !

- On s'est fait livrer un carton de nourriture que l'on avait confié à des touristes (en passant par une agence, il demandent un petit quelque chose pour les chauffeurs boliviens). Ils l'ont déposé à leur hôtel de la laguna Colorada et on est passé le cueillir comme une fleur ! L'option carton est très confortable et évite de perdre 5 kg sur une semaine...

- Ne pas hésiter à se charger en eau, ce n'est pas si impossible comme on le pensait avant de partir. De plus, les 4x4 donnent très volontiers de l'eau minérale !

- A jour de février 2014: on a quasiment pas eu à pousser, quelques endroits sont néanmoins pénibles. Au nord de la laguna Colorada, aux abords de l'hôtel de desierto et dans la descente vers la laguna Honda. La route "internationale" est impeccable jusqu'aux ultimes kilomètres proches d'Uyuni.

- D'une manière générale, préférer rouler avant 14h à cause du vent mais ça, vous le savez déjà !

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L'itinéraire de la semaine, en quelques mots : partis de San Pedro de Atacama le 2 février (A), nous passons la première nuit près du poste frontière bolivien (B), au bord des lagunas Blancas et Verde, aprés avoir avalé plus de 2.300 m de dénivelé positif dans la journée. Nous avons ensuite fait une petite étape jusqu'a la laguna Chalviri (C), avant de faire halte respectivement aux lagunas Colorada (D) et Hedionda (E). Après cela, nous nous sommes arretés dans les villages de Vila Alota (F) puis Vila Vila (G) et, enfin, Uyuni (H) où nous rédigeons l'article, ce 11 février. Bonne lecture !



La veille de notre grand départ du Chili, nous ne résistons pas à l'appel des nombreuses publicités vantant les beautés des vallées bordant San Pedro de Atacama. Pour quelques heures, nous voilà donc transformés en "touristes de base", à l'assaut de la magnifique vallée de la Luna. L'occasion de se faire tirer le portrait par un couple de français présent au même moment, et probablement plus barges que nous puisqu'ils traversent l'Amérique Latine en .... Renault Kangoo.



2 février 2014 : Jour-J pour l'Eldorado, nous quittons définitivement notre petit camping douillet de San Pedro de Atacama pour s'élancer à l'attaque de l'Altiplano (le Haut plateau) Bolivien, perché à 4.300m. Pour y grimper, une seule route, quasi verticale, partant de 2.200m d'altitude pour monter sans cesse durant 45 km, direction la frontiere bolivienne. Il nous faudra 5 grosses heures de pédalage éprouvant (aidés par des voitures pour les ultimes bornes !) pour venir à bout de cet interminable mur. En haut, le Graal, la porte d'entrée vers la Bolivie !



Quentin fait mine d'ignorer ses crampes le temps de poser pour la photo-frontière... Un petit tampon supplémentaire sur nos passeports, et nous voilà donc au pays d'Evo Morales, de l'Altiplano, et des feuilles de coca. La traversée du Sud-Lipez peut commencer !



Le lendemain, après une nuit passée en tente sous -5°, premiers kilomètres en terre bolivienne, le long de la laguna Blanca... On ne nous avait pas menti, c'est tout simplement ma-gni-fi-que !



I want YOU for Sud-Lipez ! Le parc National Eduardo Avaroa, que traverse de part en part notre chemin, est un véritable bijoux de la nature : volcans, lagunes, déserts de pierres et mille autres curiosités minérales nous y attendent. Côté population, les flamants roses (grande fièreté locale) sont au moins aussi nombreux que les lamas. Les hommes, eux, sont soit cloitrés dans les quelques refuges de la région, soit assis dans les dizaines de 4X4 touristiques qui sillonent le parc. 



Lui, c'est Batman-le-cyclotouriste. Parti pour 4 ans de voyage avec un velo assez "original" (on suspecte un lance missile dans la sacoche frontale), cet américain nous explique qu'il traverse le Sud Lipez en 4 jours... Pour info, on en aura mis 8, et sans chaumer. Suerte Hombre !




"Bon, la route ensuite, c'est bien au deuxième volcan à droite, puis au troisième désert à gauche ?"



Après l'effort, le réconfort ! Après s'être mis dans la poche Clemente, le gardien du refuge local, celui-ci nous invite à piquer une tête dans la piscine d'eau thermale aménagée tout près de la laguna Chalviri. Nous savourons l'eau à 35 degrés et la vue sur la lagune, ses flamants roses et les sommets enneigés en arrière-plan. Finalement, le Sud Lipez n'est pas si éprouvant !




Le soir, nous négocions avec Clemente de dormir dans les vestiaires situés juste à côté de la piscine pour être au chaud et éviter de monter les tentes. La seule contrepartie est que nous devons évacuer les lieux avant 6h du matin,  à l'arrivée des premiers 4x4 et des premiers baigneurs. Au réveil, nos yeux embrumés n'en reviennent pas. On vous laisse admirer !



Deuxième jour sur le haut plateau bolivien, les paysages sont plus que jamais à couper le souffle. Bien sûr, qui dit "plateau" ne dit pas pour autant "plat" (ce serait trop facile), et la piste nous enmène plusieurs fois flirter avec des cols à plus de 4.500 ...



Arrivée majestueuse sur la laguna Colorada, notre halte du troisième jour.




Si l'on a bien retenu une chose de notre traversée du Paso Sico la semaine dernière, c'est que l'on ne badinne pas avec la nouriture, en particulier au beau milieu des Andes. Cette fois-ci, donc, pas de "boarf, on en trouvra bien sur place", ni de "au pire, on prendra des feuilles de coca, il parraît que ça coupe l'appétit". A San Pedro de Atacama, conseillés par d'autres cyclos, nous avions donc employé les grands moyens : un gros carton de 8 kg de comida en tout genre (riz, pâtes, soupes, etc.), envoyé via un 4X4 de touristes (merci au passage à nos amis suisses !) direction un refuge de la Laguna Colorada. Résultat, nous repartons de la-dite auberge les sacoches débordantes de calories, prêts à affronter 4-5 jours d'autonomie. Et tant pis si l'on finit ecoeuré par le riz nature !



Laissez-nous vous présenter notre quatrième compagnon de voyage : Fermin, du nom du proprietaire (Don Fermin) du refuge où elle nous a trouvé. Prononcez [Fermine]. Fermin est une adorable chienne qui nous a suivi à partir de la laguna Colorada, depuis le refuge éponyme où nous avons récupéré notre carton de nourriture. Ne croyez pas que nous l'ayons forcé à quoi que ce soit, c'est bel et bien elle qui nous a choisi (après, certes, quelques caresses devenues sans doute bien rares dans cette auberge ... ). Fermin a apporté la touche féminine qui manquait tant à notre voyage et a su nous divertir à bien des égards ! C'est donc à bras ouverts que nous l'avons accueillie dans le groupe et que nous l'avons nourrie pendant 4 jours bien particuliers pour nous.



Pour illustrer notre propos, voici Fermin dans son activité favorite : la chasse aux lamas, esseulés ou en troupeaux entiers. Bien entendu, ca marche aussi avec les vicuñas et les 4x4.



Voici la laguna Colorada,  sans doute une des plus grandes et des plus connues de la réserve naturelle,  avec sa couleur rouge si particulière et ses flamants roses qui ne laissent pas (Fermin) indifférent.




Un gros plan des fameux échassiers. Une petite pensée au passage pour Iago.




Petite photo de famille, au grand complet !





Voici notre forteresse contre le vent glacial de la nuit. A défaut de dormir à l'abri des refuges, les vieilles ruines du désert nous offrent un grand confort!




La Belle et la Bête, version Sud-Lipez.



Et voilà la plus que fameuse "tôle ondulée", un type de chemin  tout sauf plat qui recouvre un bon 60% des pistes de la région. Provoquée par les nombreux passages des 4X4 et autres véhicules pesants, la tôle ondulée est bien entendu un véritable calvaire pour tout deux roues sans amortisseurs. On passe alors le plus clair de notre temps à zigzagger d'une piste à l'autre, à l'affût du tracé le moins endommagé. Au bout de 8 jours là-dedans, croyez-nous, on repère bien rapidement le meilleur chemin ! 




Le compteur-altimètre de Quentin se trompe d'un chouia : nous ne sommes pas a 4.894 mais bien a 4.926m au dessus du niveau de la mer, record du voyage ! On en profite pour mettre au passage une petite claque au Mont Blanc...




Petit arrêt "curiosité tourisitique" au milieu de notre 4ème ou 5ème jour de traversée : les geysers volcaniques. Malheureusement, la photo ne rend pas le bruit assourdissant qui sort de ces grosses cheminées à soufre. Et malheur à celui qui voudrait s'approcher d'un peu trop près ...




Autre grand classique du Sud Lipez, l'Arbol de Piedra ( "l'Arbre de Pierre" ), qui du haut de ses 4-5 mètres, nous protège de la pluie quelques instants.




Malgré beaucoup de bonne volonté,  le sable et les pierres ont parfois raison de notre coup de pédale et nous obligent à mettre pied à terre pour pousser, que ce soit en montée ...



... ou en descente!



Nouvel élément dans notre quotidien depuis la laguna Colorada : les "Pauses Fermin". Quand la langue de notre brave compagnon commence sérieusement à râcler le sol, la pause s'impose. Hop hop, on sort la gamelle et l'eau de Madame, et c'est parti pour 10 minutes de raffraîchissement. 



Fin de journée maginifique au bord de la laguna Hedionda, la chaleur du refuge local nous attire comme un aimant !



Probablement une de nos soirées les plus improbables : A peine arrivés au refuge du jour que le seul employé de l'hôtel vient nous réquisitionner pour préparer les lieux avant l'arrivée des turistas 2h plus tard. Il nous explique dans un espagnol très bolivien que les femmes de ménage censées être à ses côtés n'ont pas pu venir, à cause d'un accident de 4X4... Le deal est donc rapidement trouvé : corvée de lessive et nettoyage de la salle à manger contre une nuit au chaud, avec dîner et petit déj' inclu. 3 minutes plus tard, nous voilà donc au charbon. "T'as fait quoi en deuxième année de césure ? Oh, du ménage en Bolivie, c'était génial".



Tout travail mérite salaire ! (Au passage, un petit déj'  AVEC DU BEURRE )



Notre hôtel All Inclusive en question !



Le lendemain matin, au bord de la laguna Hedionda, le Salar avant l'heure !




Les étapes se compliquent pour Fermin à partir du moment où nous rejoignons la piste internationale, de bien meilleure qualité. En effet, difficile de nous suivre quand on passe de 9km/h de moyenne à plus de 20,  même en multipliant les pauses. C'est donc avec regrets que nous devons la laisser, épuisée, à San Cristobal, aprés plus de 260km parcourus à vélo (soit à peu près le double pour elle !). Puisse-t-elle être heureuse dans ce nouvel univers urbain !



Pourtant, ce n'est pas faute d'avoir essayé de l'installer a l'arrière de nos paquetages mais impossible de la faire tenir, elle ne cesse de vouloir continuer à pattes. Adios, Fermin, tu nous manqueras !



La vallée des Roches, sur la piste internationale, avec ses formes acadabrantesques sculptées par l'érosion,  nous offre un parfait terrain d'escalade pour prendre un peu de hauteur. ¡ Qué lindo !



Au sixième jour,  nous changeons radicalement de décor. Adieu les montagnes,  les volcans et les lagunes,  nous sommes désormais sur l'Altiplano bolivien qui nous rappelle par moment les grandes lignes droites argentines. Le relief s'aplanit, c'est le signe que le Salar est proche :  nous touchons bientôt au but!



Une constante depuis le nord de l'argentine, la présence des lamas dans les plaines des Andes. C'est en quelque sorte leurs vaches à eux. On en a peut etre déjà croisé une bonne dizaine de milliers, mais ces drôles de bêtes n'ont toujours pas fini de nous amuser. 



La traversée des quelques petits bleds avant Uyuni nous permet un retour progressif à la civilisation et surtout, nous ouvres les portes des fast-food à la bolivienne (enfin, on en termine avec les kilos de riz / pâtes natures...). Aucune déception de ce point-de-vue là non plus ! Pour 15 Bolivianos ( +/- 1,50 euros), on vous sert une magnifique assiette richement garnie. Qui a osé dire un jour que l'on mangeait mal en Bolivie ?



Quand l'orage gronde ici, il vaut mieux se trouver fissa fissa un abri où se proteger. C'est ce que l'on fait à Vila Vila, ultime bourgade avant Uyuni, où nous parvenons à nous faufiler dans la salle des fêtes municipale. Ok, l'ambiance est un peu de type "Kosovo des années 90", mais ça nous suffit mille fois.



Au passage, un petit zoom sur la sublime peinture murale qui orne le fond de la salle. Vous ne manquerez pas de remarquer la finesse du trait et la gaîtée générale qui ressort de ce chef d'oeuvre. Bienvenue en Bolivie ...



Sud-Lipez, check ! Nous voilà enfin à Uyuni, terminus de la semaine. La ville en tant que telle n'a strictement aucun charme, surtout lorsque la pluie vient assombrir le décor, comme à peu près tous les jours aprés 15h à cette époque-ci de l'année. Seul intérêt ou presque : le Salar à 5km de là, le plus grand désert de sel du monde, un poil plus grand que l'Ile de France !



Aujourd'hui, à Uyuni, on n'a plus le droit ni d'avoir faim ni d'avoir froid.  (Resto du coeur Boliviano 2014)



Une des 400 statues de sel (au moins !) en hommage au Dakar, passé mi janvier à Uyuni. Ils ne sont passés qu'une seule journée, mais on a franchement l'impression que toute la ville voue un culte sans limite à ce rallye. C'est Gégé qui doit être content !



Le catch Bolivien, une discipline bientôt olympique, sans nul doute.



" Esta seguro que hay demasiado agua en el Salar para andar en bici ? "(Êtes vous sûr qu'il y a  beaucoup trop d'eau sur le Salar pour y aller à vélo? ) : Voici la question que nous avons eu au bout des lèvres (gersées) toute cette semaine. Un coup on nous dit que c'est impossible, un coup on croise des cyclistes qui l'ont fait 3 jours avant nous, mais c'est souvent la première réponse qui prédomine. Nous optons donc pour un repérage en 4x4 car comme Saint Thomas, nous croyons que ce que nous voyons. Finalement, on ne regrette pas du tout l'option motorisée amphibie!



Le Salar sous l'eau, ça n'a pas que des inconvénients. Lorsque le vent faiblit, le sol devient un immense miroir, tout simplement splendide !



Aprés 10 bons kilomètres à rouler dans des flaques plus ou moins profondes, nous voilà sur la terre ferme, ou plutot, le sel ferme. Du blanc pour unique horizon !



Inclu dans le programme, le très champêtre déjeuner au milieu du Salar. Ensuite, c'est parti pour le grand jeu des "photos perspective". On vous laisse admirer le travail !












(Notre préférée !!)



La semaine prochaine, nous partons direction Potosi, puis La Paz, à la découverte de la Bolivie peuplée !
A très bientôt !

















































4 commentaires:

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  2. Pouah ! Vos photos du Sud Lipez sont à couper le souffle, ce n'est pas honnête de nous infliger ça …
    C'est toujours un plaisir de vous lire, merci pour ces moments d'évasion !
    Gardez la pêche, et hasta la vistaaaaa !

    Ps : Je ne saurai dire quelle photo de la course poursuite a la france 5 félin/gazelle réadaptée version chien/lama ou de vos mines réjouies au fond du réchaud m'a le plus achevé.

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  3. ...Le Salar sous l'eau... Je suis sur le cul! Je reste bouche bée cette semaine...

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  4. superbe. gentille pepette qui vous a accompagnée.

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