jeudi 20 mars 2014

Semaines 24 & 25 : Cuzco - (Machu Picchu) - Ayacucho

10.000m de dénivelé positif cumulé sur 7 jours, voici le lot de la semaine ! Les journées depuis Cusco et leurs profils en triangle (comprendre une grosse montée le matin suivie d'une descente de malade  l'après midi) nous en ont fait bien bavé... Heureusement, tout a commencé par une visite mémorable du Machu Picchu, la cité inca perdue au milieu des Andes péruviennes. Et il ne faudrait pas omettre, même si cela nous semble déjà loin, le très agréable séjour à Cusco ! Sans doute la plus belle ville croisée depuis... Grenade !



Sur cette jolie carte Made in Google, notre petite excursion au Machu Picchu, et notre itinéraire de 550 km pour relier Cuzco à Ayacucho. 7 jours de grosses suées sont necessaires pour en terminer avec cette semaine où les kilomètres de plat se sont comptés sur les doigts d'une main ... Pas de doute, cette partie de la Cordillère est de loin la plus riche en "ups and downs", comme disent si bien nos amis les saxons.



On ne pouvait remonter les Andes sur 5.000 km sans passer par le Machu Picchu, nom exotique qui ne vous est certainement pas inconnu ! D'autant plus qu'il figure dans la nouvelle liste (certes controversée) des sept merveilles du monde, aux côtés de la muraille de Chine, du Colisée, de Petra... etc. Bon, alors, comment diable rejoindre cette ville inca si célèbre perchée au milieu de nulle part ? Car même les espagnols, malgré leur goût prononcé pour l'or des autres ne l'ont jamais trouvée ! On doit sa récente découverte (1911) à un aventurier anglais qui ne s'est pas privé de piller le site avant de répandre la nouvelle. L'option la plus simple consiste à se soumettre aux abus scandaleux de Perurail qui facture une centaine d'euros l'aller-retour en train, seul moyen de transport desservant le village d'Agua Calientes, situé au pied du Machu Picchu... D'autres stratégies sont bien moins onéreuses mais nécessitent de prendre 4 jours pour se rendre sur place... Pour une fois, on fait comme tout le monde et on crache nos devises ! 



La seule petite excentricité de notre expédition est la nuit que nous passons littéralement sur le trottoir la veille de l'ascension. Etant arrivés vers 23h et devant se lever très tôt pour profiter du beau temps et des lueurs matinales, on opte pour une petite nuitée de clochards sous les porches des magasins d'Aguas Calientes. Pour la petite histoire, une bande de chiens -d'habitude si agressive envers nous- décide de nous prendre sous son aile et chasse les malheureux passants qui osent approcher ! C'est très rassurant mais les gros aboiements toutes les 20 minutes rendent le sommeil difficile...



10 cm, deux grosses pinces, quarte ailes et un abdomen charnu, voici un truc qu'on ne peut voir au delà de deux mille mètres ! Ambiance Men in Black au comedor d'Aguas Calientes à deux trois encablures du Machu Micchu...



100 $ les 50 km de train, qui dit mieux ?!



Afin d'économiser quelques soles supplémentaires (on vient tout de mêeme de se faire raketer 100$ par Perurail), nous faisons l'ultime ascension à 4h du matin par les 1800 marches de pierre de l'escalier façon Seigneur des anneaux qui mène aux ruines de la ville inca. Comme pour l'Huyana Potosi (le 6.000m de La Paz), la descente est assez éprouvante et nous nous promettons une journée à ne strictement rien faire pour le lendemain !



L'endroit est tout simplement extraordinaire et de nombreux mystères continuent d'interroger les experts. Par exemple, la façon dont les incas ont apporté des quantités phénoménales de terre du fond de la vallée demeure inconnue, de même que les raisons qui les ont poussés à abandonner la ville. Sans doute ont-ils voulu la sauver des conquistadors... 



1.800 personnes vivaient au Machu Picchu et formaient une société organisée autour du culte du soleil. La ville était aménagée en quartiers "fonctionnels" et pouvait ainsi tenir en quasi autarcie. Un observatoire solaire dominait l'esplanade centrale et permettait de déterminer avec précision les dates des solstices et les équinoxes. La grandeur de la civilisation inca n'est plus à démontrer !



Petite anecdote : des lamas ont été importés de l'altiplano bolivien où ils vivaient paisiblement à 4.000m, se nourrissant des feuilles et branchages des rares arbustes qui survivent à une pareille altitude. Une fois descendus de 2.000m et acheminés vers des latitudes proches de l'équateur, ces pauvres bêtes ont commencé à voir leur dents pourrir et se déchausser en raison de la tendresse de l'herbe qui privait dorénavant leurs râteliers d'un entraînement suffisant ! Bilan des opérations, ils sont quasiment tous morts ! Et les quelques uns qui ont survécu à l'acclimatation péruvienne sont devenus...omnivores !



De retour de notre petite excursion du Machu Picchu, nous voilà à l'attaque cette fois-ci des curiosités en tous genres de la capitale inca, Cuzco ! Par chance, la ville a su conserver une grande partie de son patrimoine architectural inca, à peine transformé au fil des siècles selon le style colonial, ce qui fait sans aucun doute de Cuzco l'une des plus belles villes que nous ayons traversées jusqu'à maintenant !



Alex, devant l'une des partiulartiés de l'architecture Inca : le Tetris de blocs de granits, version 4 tonnes par 4 tonnes.



Fin de la récré, plus le temps de faire le turistas dans les rues de Cuzco, la route nous appelle ! On prend tout de même le temps de poser pour la traditionnelle photo de famille pré-départ ...



Premier jour de vélo et comme prévu ... premier col ! Dans ces premieres montées déjà interminables, notre peloton se disloque rapidement; Adieu les longues colonettes de 7 vélos pour faire face au vent de la plaine, bonjour les échappées, les binômes tranquilous et les grupettos !



A 7, la prise de décision est parfois un tantinet délicat. Surtout lorsqu'il y a 1/2 journée de sueur en jeu. Heureusement, en tant que "managers de demain" (sic...), nous avons su dépasser ce "challenge organisationnel", comme on l'appelerait au 79 avenue de la Republique.



La deuxième étape de la semaine est particulièrement rude : tout commence par une longue descente au fin-fond de la vallée (ce qui, entre nous, ne sent jamais très bon), avant le dévoilement vers 10h du matin d'un immense col de 65 kilomètres ... Les plus braves d'entre nous en terminent vers les 17h, la bave aux dents ou presque, les autres en finissent avec cette montée bien plus tôt, aidés par les camions et leurs 25 km/h de moyenne (l'identité des concernés restera cachée ! ) 



Pas facile de remettre les rivets de sa chaîne quand on a une flopée d'enfants très (trop ?) curieux autour de soi. Reste zen Alex !



Le Château dans le ciel, version péruvienne.




La beauté des paysages avec les collines verdoyantes se détachant des nuages, les torrents impétueux au creux des vallées et les routes zigzagant à flanc de montagne nous laissent rêveurs... (Q. W., Les Andes, édition Plon) 



Comme chaque jour désormais, passés les 3.800m d'altitude, nous entrons dans les nuages et essuyons la pluie. Mêlée aux derrumbes, ça vous donne un mélange bien visqueux qui colle aux roues et nous donnent l'impression d'être (au moins) deux fois plus chargés.



Abancay, ville-étape de notre troisième journée, ou la Cité des nuages !



Père Castor, raconte-nous une histoire !



Voyage au centre de la Terre.



Dur dur d'être discrets avec 7 vélos chargés. Chaque jour, midi et soir, nous envahissons les comedors (cantines) des villages traversés. C'est simple, nourissant, rapide et pas cher. Une sopita (soupe), garnie d'une pomme de terre et d'un bout de viande, en guise d'entrée et un secundo (plat), à base de riz et de frites pour accompagner une aile de poulet, font très bien l'affaire pour nourrir les gaillards.



C'est la fin d'un mythe ! La fameuse chemise d'Alex, portée tous les jours depuis l'Espagne, n'aura pas survécu au voyage. Malgré tous ses efforts pour la recoudre, c'est la déchirure de trop qui est survenue cette semaine. Événement d'autant plus triste qu'elle sortait à peine de la lavanderia de Cusco. C'est donc dans les larmes et la douleur que c'est faite la séparation,  dans une poubelle d'Ayacucho. Qui sera désormais l'heureuse élue ?



5ème jour de vélo, une partie du peloton fait sécession ! Ras-le-bol de la vie à 7 ? Marre de l'odeur des sacoches de xxx ? Pas du tout Madame, pas du tout ! En fait, tout bêtement, la petite échappée du jour (Quent', Alexandre et Vianney) s'est tout simplement égarée au milieu de la montagne - il faut le dire, sous les conseils malavisés d'un Péruvien visiblement sénil-. Résultat : deux cols gratis, un pique-nique bucolique (...), et une journée entière au milieu des villages péruviens les plus reculés. Finalement, aucun regret !



En fin de journée, on a même pu compter sur l'aide des locaux pour passer les derniers mètres de dénivelé !



Pendant ce temps-là, ce même jour, le reste de l'équipée (Alex, Ted, Come et Vincent, pour ceux qui ne sont pas encore perdus) continue son bout de chemin sur la route principale, celle des cimes. Malheureusement, et comme de temps en temps dans cette partie-ci du pays, la chaussée part littéralement en lambeaux sur des centaines de mètres, et de manière pour le moins plutot impressionante ! On vous laisse juger !



"Hay derrumbes por alli, vas a llorar !" (Il y a des éboulements par là-bas, tu vas pleurer !) nous prévient un Peruano. Charmant... On n'a pas pleuré, mais on en a en effet bien bavé !



Nous voici bien au chaud, dans la salle des fêtes de la mairie de Chincharos où nous avons trouvé refuge pour cette 5ème nuit. Une fois de plus, nous réussissons à passer toutes les nuits de la semaine en dur et évitons la corvée du montage/démontage de tentes sous la pluie. Une vraie fierté !



Il parait qu'à Tarbes, on aime bien les panoramiques ; cadeau !



Ça se bouscule parfois sur les routes du Pérou ! On y croise pas mal de bestiaux différents : chèvres,  vaches,  cochons, cyclistes,  chiens enragés ...



Le sacre ! Ça y est, on a vu un condor !! Deux même ! Et de près en plus ! Ça fait trois mois qu'on attend l'événement ! Alors que nous avions perdu depuis longtemps tout espoir de croiser le plus grand oiseau du monde, deux spécimens décident de tournoyer à nos côtés lors d'une des ascensions interminables de cette semaine. Collerette blanche, bec crochu, plumes écartées comme les doigts d'une main aux extrémités et vol majestueux sans un battement d'aile, pas de doute, cet aéroplume est bien un condor ! On peut rentrer maintenant.



"Fonce!  Sinon tu t'embourbes !". Quel sacré boue-t-en train ce Côme !



Le peloton revient sur l'échappée ! Le Tour avant l'heure !



Des petits cols, des petits cols, toujours des petits cols !



I'm cyclin' in the rain, just cyclin' in the rain ! What a glorious feeling. I'm happy again !



Les écoles sont définitivement un bon filon pour pieuter à l'abri des pluies de la Péruvie ! Le tout est de rencontrer le directeur. Dès que nous trouvons notre homme, celui-ci nous refuse rarement l'hospitalité comme ici à Ocros. En Europe, il est assez impensable de s'imaginer, en parfait inconnu, à se laver les dents, au milieu des gamins d'une école juste avant que les cours ne commencent !



France-Pérou : un match sous haute tension, sur le terrain de l'école d'Ocros. "On va les exploser: ils sont vieux et tous bedonants" nous glisse Vincent juste avant. Sauf que les vieux en question jouaient au foot tous les jours, c'est les jeunots qui ont transpiré.




Mercredi 19 mars, dernier jour avant Ayacucho. D'aimables péruviens nous annoncent un petit 4 km de montée avant le plat puis la descente finale. L'information devrait a priori être réjouissante quand on pense aux 6 étapes "hors catégorie" qui viennent de transformer nos cuisseaux en troncs d'arbres. Mais un cyclo averti en vaut deux et sait qu'un col estimé à la péruvienne en vaut sept ! Voici le célèbre et très utile "facteur sept": toujours  multiplier toutes les distances annoncées  par sept ! Encore une fois, ça ne manque pas, la pente commence à fléchir au km 28 après 3 heures de montée dont deux sous une pluie glaciale. Au moment de descendre, certains hurlent en moulinant tant la drache les glace jusqu'aux os; un excellent moyen de ne pas défaillir. Il est temps de sortir du nuage.




Nous voici enfin à Ayacucho (ville des morts en Quechua, bienvenu !), ville qui a longtemps servie de relais entre l'ancienne capitale, Cusco, et la nouvelle, Lima et qui est pour nous l'occasion d'une pause bien méritée, après plus de 10.000m de dénivelé cumulés et l'énorme pluie qui a fini en beauté notre semaine.

Dès demain, nous repartons à l'assaut du Pacifique, direction Lima ! Bonne semaine à tous !

1 commentaire:

  1. Oula! Vianney à tout coupé: la barbe, les cheveux... c'est pour être plus aérodynamique sur ton bolide???

    RépondreSupprimer